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Jérôme Noirez : Brainless

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Brainless de Jérôme Noirez  3,75/5 (14-05-2015)

Brainless (249 pages) sort le 21 mai 2015  aux Editions Gulf Stream.

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L’histoire (éditeur) :

Jason, adolescent médiocre surnommé Brainless, habite Vermillion, petite ville du Dakota du Sud où la jeunesse s’ennuie. Tous les jours, Brainless se fait une injection de formol, pour ne pas pourrir. Depuis qu’il est mort, étouffé par une ingestion massive de maïs, les deux hémisphères de son cerveau peinent à communiquer. Son estomac ne digère que de la viande crue. Il a cessé de dormir et de respirer. En dehors de cela, son quotidien n’a pas beaucoup changé depuis qu’il est atteint du SCJH – le syndrome de coma homéostasique juvénile, une nouvelle maladie touchant les adolescents, de plus en plus répandue aux États-Unis – depuis qu’il est un zombie, autrement dit... Il lui arrive seulement, de temps à autres, de se demander quel goût a le cerveau humain. Mais parmi ses camarades de classe, certains ont des projets bien plus macabres.

Mon avis :

Les éditions Gulf Stream, spécialisées dans la lecture jeunesse (de qualité) se lancent dans une nouvelle collection qui devrait déménager. Le premier ouvrage à paraître sera Brainless, l’histoire d’un jeune zombie américain. Quoi encore une histoire de zombies…. C’est vrai que la littérature, y compris  jeunesse, nous abreuve du genre depuis quelque temps (Les Proies de Amélie Sarn, Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l’amour de S.G. Browne,  Métro Z de Fabien Clavel, Ma famille normale contre les zombies de Vincent Villeminot & Yann Autret, Vivants de Isaac Marion, Les contaminés de Yves-Marie Clément, La Forêt des damnés de Carrie Ryan, pour ne citer qu’eux), mais quand on aime on ne compte pas, ou plutôt quand on aime on ne se lasse pas et laissez-moi vous dire que dans le genre Brainless n’est pas mal du tout.

Brainless c’est aussi l’histoire d’un fait divers. Vous vous souvenez tous du 21 septembre 2014, la tuerie du lycée Vermillion, la pire de toute l’histoire des Etats Unis ? Quoi, non ? Bon, OK, c’est de la fiction, ça n’a pas réellement existé, mais l’auteur a décidé que les événements liés à son protagonistes seraient inscrits dans la réalité (sa réalité bien évidemment) mais le fait que le Jason s’adresse au lecteur permet de facilement se laisser prendre au jeu.

Nous voilà donc emmener dans la vie de Jason qui commence une nouvelle année scolaire. Deux nouveautés pour lui : il entre au lycée et, il y a quelque mois, il est mort étouffé par du maïs en participant au concours du plus gros mangeur d’épi de maïs en 15 minutes. Dans le genre mort à la c—on peut difficilement faire pire ! Il faut quand même préciser que depuis toujours, Jason (rapport au tueur de série Vendredi 13) est surnommé Brainless (l'écervelé), parce que ce n’est pas spécialement une lumière.

« Un nullard, voilà ce que j’étais ;pas un héros, pas un garçon « spécial » qui inspire du respect, de la crainte ou de la curiosité, juste un naze destiné à avoir une vie de naze et une copine aussi naze que lui – et encore, la copine était en option. 

Je n’avais pas imaginé que, quelques jours après avoir fêté mes seize ans, j’allais mourir et puis revenir d’entre les morts, plus minable encore que de mon vivants.

Brainless pour l’éternité. » Page 9.

Entre ses confidences et le récit d’un narrateur externe, on découvre sa nouvelle vie jusqu’à l’événement majeur qui se profile doucement au fil de na narration.

Même s’il y a quand même une bonne part d’absurdité et de grotesque, j’ai trouvé ce texte finalement proche de la réalité. La banalité dans le récit se mêle à la perfection avec l’originalité de la situation et l’impossible devient désormais possible. Point de tragique, point de comique, mais un juste milieu bien trouvé entre la folie, les abondants clichés (on nage en plein caricature avec ces lycéens) et la banalité. le tout est très plaisant !

«  Un doigt d’honneur adressé à la réalité : Brainless. »  Page 151

«  Brainless regagne sa maison, où il fera semblant de dormir…Jusqu’au lendemain, où il fera semblant de vivre. Routine de zombie. » Page 161

On sait tous qu’il est désormais possible de s’attacher à un zombie (de nombreux auteurs nous en ont déjà donné l’occasion), il y a tout de même une certaine réticence qui se fait face à certains morts-vivants. Ici pas du tout. Jason m’a tout de suite plu. Même s’il ne brille pas par son intelligence (encore moins depuis son tragique accident), c’est un jeune homme charmant qui a la chance de ne pas pourrir tant que ça (et ça y fait beaucoup dans l’attachement). Le fait d’avoir entrecoupé le récit principal de ses confidences permet de le connaître mieux, de comprendre à quel point sa vie a changé, de vivre son quotidien à ses côtés et finalement l’empathie marche parfaitement.

Je me suis senti proche de lui à plus d’un titre et notamment grâce à son enfance bercée par les films d’horreur des années 80 (en particulier zombiesque et  le célèbre George A. Romero).Ça m’a rappelé beaucoup de (bons) souvenirs (La Nuit des morts-vivants, Le Jour des morts-vivants, Zombie,  Le Retour des morts-vivants, Re-animator… n’ont pas de secret pour moi).

Destiné à des ado de 15 ans et plus, cette lecture n’est finalement pas si terrible que ça du point de vue zombie, mais elle livre une fin tout de même marquante. Jason a beau être un zombie, c’est avant tout un adolescent ordinaire qui découvre sa première histoire d’amours, qui doit faire face à la méchanceté gratuite des plus populaires, qui suit ses cours normalement… Bref, qui mène une vie d’adolescent presque normale finalement. Mais l’intérêt dans tout ça ? Jérôme Noirez nous livre enfin les informations sur ce 21 septembre 2014 dont il est question au début et nous entraîne finalement dans une histoire déroutante où la barbarie est bien présente, mais pas là où on l’attend.

« Moi, Brainless, je suis mort. Et vous vous êtes vivants.

Mais n’oubliez jamais que c’est juste provisoire. » Page 32

Alors évidement on trouve là des scènes gores (l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère dans ses descriptions), mais avec cette couverture il aurait été difficile de passer à côté. Rien de vraiment choquant dans le fond car la réalité nous a habitué a tellement pire (et l’auteur ne se gêne pas pour nous le rappeler), mais c’est important de le souligner. Avec ce roman surprenant il nous livre une description critique de la société américaine un poil drôle (l’obèse Ryan qui se prend pour une grand détective à la Mike Hammer m’a bien  fait sourire !) et surtout très pertinente.

En bref : Brainless est une très bonne histoire de zombies qui sort des sentiers battus. Elle peut être lue aussi bien que par les amateurs du genre que par les initiés, et je trouve d’ailleurs que ce roman se prête à la perfection à une première lecture zombiesque.

Et puis enfin un petit mot  sur le livre en lui-même : j’ai été agréablement surprise par sa qualité, et surtout par l’épaisseur de ses pages. Un vrai plaisir à tourner.

 

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ELECTROGEN3 : « une collection hétérogène, électrique et érogène ». Cette nouvelle collection sera l’occasion de voir le catalogue de la  maison d’édition s’élargir en proposant plus de titres  électriques  variés (marqués par une forte tension narrative) aux lecteurs de 11 à 15 ans.

Avec ce premier livre, les éditions Gulf Stream frappent fort et marquent les esprits (et pas seulement à cause de ses tranches orange vif),  C’est une entrée en matière réussie qui donne très très envie de découvrir les prochains titres, en espérant qu’ils soient tout aussi bons, intelligents,  décalés et surprenants.

Pour en savoir plus sur Brainless retrouvez un extrait iciet la bande annonce 


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