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[CANNES 2015] La tête haute : l’ouverture surprenante du Festival de Cannes

Publié le 14 mai 2015 par Tempscritiques @tournezcoupez

La tête haute a ouvert hier le 68ème Festival de Cannes. Notre avis.

Rod Paradot et Benoît Magimel dans La tête haute

Rod Paradot et Benoît Magimel dans La tête haute

Des films comme ça, on aimerait en voir plus souvent. On l’a assez répété, La tête haute différait des précédentes ouvertures traditionnelles cannoises, à l’accoutumée pailletées et ultra-glam. Pourtant, Thierry Frémaux et son équipe on choisi juste, et le film d’Emmanuelle Bercot fait une ouverture idéale, largement plus convaincante que son prédécesseur, Grace de Monaco. Pourquoi cela ? Tout simplement parce qu’il suscite à la fois l’intérêt de spectateurs lambda et celui d’un public plus exigeant. A la fois simple et fort, La tête haute souhaite se rapprocher le plus possible du quotidien de ceux qui se battent pour l’avenir des autres, en particulier de jeunes délinquants, et qui en deviennent presque leur famille de substitution. Le jeune Rod Paradot s’est donc glissé dans le personnage de Malony, un adolescent turbulent qui a sombré, visiblement faute d’une absence d’éducation, dans la délinquance. Le jeune acteur, aujourd’hui 19 ans, a été choisi lors d’un casting organisé dans l’enceinte de son lycée. Un comédien sans expérience, qui fait ses premiers balbutiements à l’écran, et qui pourtant parvient à illuminer l’écran par sa présence, son naturel et son charisme, malgré le poids déjà conséquent des acteurs qui l’entourent : Catherine Deneuve, et Benoît Magimel, entre autres. Il se pourrait donc bien qu’Emmanuelle Bercot et le Festival de Cannes aient déniché une révélation, tout comme Xavier Dolan l’eut fait l’année dernière avec Antoine Olivier-Pillon dans Mommy, également sur la Croisette.

Simple et sans artifices de mise en scène, La tête haute s’observe agréablement. Mais sa sobriété n’est pas un handicap. Elle lui permet ainsi d’emprunter la voie d’un cinéma social (on pense évidemment par moment au cinéma des Dardenne, et parfois même à celui de Ken Loach), mais réaliste. La réalisatrice, qui filme la violence, physique et psychologique, de son personnage, n’oublie pas pour autant de capter l’émotion qui se dégage de certaines séquences et du jeu expressif de l’ensemble des comédiens. Certaines scènes émeuvent, notamment celles entre le jeune Malory et la juge (Catherine Deneuve) qui, avec acharnement, le suit pendant près de dix ans, tente de l’orienter et le guider, a l’instar d’une mère. Emmanuelle Bercot redonne des galons à une justice française longtemps critiquée et pointée du doigt, et pose en arrière-plan beaucoup d’autres questions. Quel espoir donner à une jeunesse délaissée ? Comment les réinsérer dans la vie sociale ? Quel est le rôle de l’éducation parentale ? Ce sont, notamment, quelques unes des interrogations soulevées par ce drame, qui ne sombre jamais dans le pathos, ni dans le sentimentalisme. La tête haute n’en fait jamais trop, et sonne juste.

De tels films, pensés, intelligents et fédérateurs, méritent à nos yeux d’être soulignés et propagés amplement, parce qu’ils sont un lien d’union entre tous les publics, et une fenêtre ouverte sur les problèmes sociaux de notre époque. On aurait donc bien tort de faire la fine bouche, et d’ignorer ce joli film, empreint d’empathie et de réalisme.

Affiche de La tête haute


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