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Oh! Combien la connaissance de Soi est chose facile

Publié le 14 mai 2015 par Joseleroy

Ramana nous dit ici que le Soi est plus évident qu'une groseille (nelli) dans la paume de la main.

J'en avais fait un chapitre de mon livre : Le saut dans le vide, avec cette photo:

nelli

Le Soi est évident : il est l'espace à partir duquel le fruit est perçu.

Simple, non? What else?

jlr

 Merci à Claire pour nous avoir signalé ce poème de Ramana Maharshi.

"La conversation s'engagea alors sur l'évidence indéniable de Soi, et Sri Bhagavan raconta comment le chant à la louange de la connaissance de Soi fut composé. Il dit:

« Le but de toute science (vidya) est de connaître quelque chose. Par ailleurs, ‘Soi-même’ est si évident que l'exemple classique du nèlli sur la paume de la main[1] perd sa signification. Comme Muruganâr le dit, comment se fait-il  que la connaissance de Soi-même, que vous l'appeliez facile ou non, soit nécessaire ? Muruganâr voulait dire que, dans l'exemple classique, une main pour sentir le fruit, la présence du fruit dans la main, le fruit, un œil pour le voir, une personne qui connait déjà le fruit, etc., sont nécessaires, tandis que pour connaître le Soi rien n'est nécessaire- autre que Soi-même ! Ainsi, dans le sommeil profond, rien sinon nous-même n'existe. Nous admettons que nous existions au cours du sommeil profond puisqu'au réveil nous disons 'J'ai dormi’ et personne n'est convaincu de l'existence de deux soi(s) celui qui a dormi et celui qui, à présent, est réveillé. Dans l'exemple classique tout ceci (énuméré plus haut) doit exister afin que le fruit soit évident. Soi-même étant la source qui rend le fruit évident, combien plus évident doit être Soi-même. Peu importe, toujours est-il que Muruganâr avait écrit le refrain et voulait les couplets disant que pour quelque raison les mots ne lui venaient pas et qu'il ne pouvait terminer le chant. Je composai d'abord une strophe mais Muruganâr spécifia qu'il en voulait au moins quatre. J'en écrivis trois autres. Finalement je me souvins que je n'avais pas fait mention d'Annâmalai[2] tout comme Ponnanbalam (Chidambaram) est mentionné dans le chant qui raconte l'histoire de Nandanar,  sur lequel le nôtre est modelé. » (D/D 26.2.1946)

Sri Bhagavan expliqua ainsi ces cinq strophes : « Chidambaram est un lieu renommé de pèlerinage, et est aussi associé à Nandanar, qui proclama dans un chant que la connaissance de Soi est extrêmement difficile à obtenir

Malgré cela Muruganâr  commença son chant en établissant le thème que la connaissance de Soi est « le plus facile des accomplissements » (ayye adhi sulabam). Afin de justifier cette extraordinaire déclaration il dit que « Soi-même étant le Soi, le Soi est de tout temps évident même au plus ordinaire des hommes. Cette déclaration et le raisonnement qui en découle, sont incompatibles puisqu'il n'est pas nécessaire ‘d’obtenir’ le Soi, si le Soi est le substratum de tous les soi(s) tout autant qu'absolument évident. »

Naturellement il ne pouvait continuer sur ce thème et il déposa les quatre  premières lignes qu'il avait composées devant Sri Bhagavan afin que ce dernier termine le chant. Sri Bhagavan reconnut la vérité derrière la déclaration du disciple et expliqua comment ' le Soi ' bien qu'évident demeure caché en raison de l'identification erronée de Soi-même avec le corps. (T 379)

Mr. Bose demanda la signification de la dernière strophe du poème à Bhagavan qui expliqua : « Il y a un monde perçu mais la perception n'est qu'apparente puisque son existence demande une localisation et une lumière. Cette existence et cette lumière s'élèvent simultanément avec le lever du mental. L'existence physique et l'illumination dépendent donc de l'existence et de la lumière du mental. Cette dernière n'est pas absolue puisque le mental s'élève et disparait. Le mental a pour substratum ‘Soi-même’, qui est évident en soi: son existence et sa luminosité sont évidentes. Cela est l'Etre absolu, continu dans le sommeil profond, le rêve et la veille. » (T 381)

Le Chant à la Louange de la Connaissance de Soi

Refrain (a)

Oh! Combien la connaissance de Soi

est chose facile,

Oh, combien facile à obtenir !

 

Refrain (b)

Si réel est Soi-même,

même pour l'esprit le plus ordinaire,

que le nèlli (sorte de groseille) dans la main s'en trouve évincé !

Couplets

1.   Pérenne, inflétrissable, est notre être vrai,

illusoire, obscure, la pensée qui surgit

- au corps et au monde attribuant

faussement une réalité.

Cette pensée jusqu'à la moindre trace

de vie éliminée,

le Soi, le soleil de l'Espace-du-Cœur, de Lui-même

brille : afflictions et obscurité dissipées,

la Joie d'abondance déborde !

Oh ! Combien la connaissance de Soi

est chose facile!

2.   La pensée : « Je suis ce corps de chair »

est le fil qui relie toutes les pensées.

« D'où ce 'Je' brille-t-il ? » allant ainsi

intérieurement, toute pensée disparaissant,

alors, dans la grotte-du-Cœur, "Je", "Je",

spontanément resplendit -

Ceci est la prise de conscience de Soi,

Unique espace, silence

et la demeure de Joie ineffable!

Oh! Combien la connaissance de Soi

est chose facile!

3.   A quoi bon connaître quoi que ce soit

sans d'abord se connaître Soi-même ?

Et quand « Soi-même » est connu

qu'y a-t-il d'autre alors à connaître ?

De ce Soi qui brille indifférencié

dans tous les êtres -

l'expérience obtenue, la Lumière

jaillit intérieurement.

Ceci est le Jeu ravisseur de la grâce,

l'effacement de 'Je',

l'épanouissement de la Joie ineffable !

Oh! Combien la connaissance de Soi

est chose facile!

4.   Pour délier, les liens du karma,

et pour mettre fin aux naissances,

parmi tous les chemins, ce chemin

- Etre et demeurer  tranquille, 'Summa',

sans la moindre activité du corps,

de la parole et du mental -

est le plus facile ! Oh! Emerveillement !

L'expérience toujours présente

de la Lumière de Soi dans le cœur,

la fin de la peur,

l'océan de Joie ineffable!

Oh! Combien la connaissance de Soi

est chose facile!

5.   Quand, sans penser à aucune chose,

on demeure intériorisé

au cœur même du Cœur[3], Annamalai,

qui brille en tant que Soi -

l'espace (Atmakasha) qui est l’œil

de l'espace mental (Manokasha),

lequel connaît les sens, telle la vue, etc.

lesquels illuminent l'espace[4] -

est révélé. La grâce est nécessaire,

l'amour ajouté[5].

Quel débordement de Joie ineffable!

Oh! Combien la connaissance de Soi

est chose facile,

Oh! combien facile à obtenir !



[1] Le nèlli  est une sorte de groseille. L'exemple de l'évidence de la présence du fruit dans la main (hastamalaka) est souvent employé dans les textes védantiques.

[2] Tiruvannamalai.

[3] Var.: Au cœur même de Soi.

[4] Bhutakasha 9.0pt">; l'espace physique existe aussi dans le rêve à l'état subtil.

[5] L'amour envers Annâmalai, sans lequel la grâce ne peut agir.

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