Le Groupe suisse PROVINS, un acteur majeur du vin en Helvétie, a souhaité, ex nihilo, de proposer à ses marchés un vin de stature internationale, la cuvée ELECTUS.
Parfaitement conscients des implications d'une telle décision, aussi bien qualitatives qu'économiques, les responsables de ce projet ont reçu une sorte de plein pouvoir des dirigeants de Provins, l'essentiel étant de leur donner le temps. On a donc bien conscience ici qu'il faudra au moins une bonne dizaine d'années pour que le monde des amateurs accepte à un niveau de reconnaissance internationale ce vin suisse, basé sur des assemblages particulièrement complexes : pour le 2011 on a ainsi : Cornalin, Humagne, Diolinoir, Syrah, Merlot, Cabernet-Sauvignon, Cabernet-Franc.
Parmi les chemins de "placement" de ce cru dans le monde du grand vin, les responsables, sous la houlette de Madame Johanna Dayer, ont accepté le principe de dégustations régulières à l'aveugle, proposées à divers cercles ± professionnels, une démarche à tout le moins risquée et que refuseraient plus d'un nouvel (ou ancien) producteur en soif de reconnaissance.
Cela mérite un respect certain, d'autant plus qu'au Castel d'Uvrier (un endroit unique au-dessus de Sierre), le choix des vins pour ces dégustations à l'aveugle est loin, très loin de faciliter les choses en faveur d'Electus.
Un pirate (La Mouline) et 3 pointures autour d'Electus Si le Guigal - que j'ai appelé ici "l'étranger" - développait clairement un style, une richesse, des textures bien différentes des autres crus, les Cos d'Estournel, Opus One et Solaia sont clairement des noms connus mondialement et respectés. Tous ces vins 2011 ont tous des prix nettement supérieurs à celui d'Electus, qui vise quand même les 3 chiffres. Les dégustateurs présents sont tous des pro, bibi excepté, catégorie "amateur". Donc, on peut donner une réelle valeur au résultat final. Laurent Vialette était en forme olympique. Un vrai GJE pur jus ! Cette joute à 5 a mis en première position Opus One, le Napa Valley dont les animateurs revendiquent hautement la volonté d'en faire "le" bordeaux de la Californie eu égard, entre autres, au fait qu'ils exportent plus de 50 % de leur production. Electus est arrivé deuxième, devant Cos d'Estournel et Solaia, considérant que La Mouline était là pour titiller les palais de ces messieurs professionnels. On pourra gloser des pages et des pages contre ce choix des challengers, contre le petit nombre des vins en présence, contre le fait que des acteurs de cet Electus faisaient partie de ces dégustateurs : pas de problème, c'est normal. Il n'empêche : si on ne prend que les notes de Laurent, Electus arrive bien en seconde position (comme bibi d'ailleurs… mais j'ai positionné Solaia en n° 1 et non Opus One comme les autres). Sans chipoter sur un tel classement élémentaire, ce que je retiens surtout de cette dégustation, c'est qu'il y avait une réelle harmonie de haut niveau entre les 4 présents, La Mouline étant "ailleurs". Pour les responsables de ce projet, le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est assez valorisant. Et, cerise sur le gâteau, lors du déjeuner qui suivit (tout bon : un chef comme on les aime : rondeur accueillante, saveurs pointues, présentation des assiettes en grande gourmandise), on a pu déguster le 2010 qui est véritablement un vin de classe. Une belle pointure qui est, en l'état, supérieure niveau plaisirs, au 2011. Cette seconde dégustation à laquelle nous étions invités avec Laurent est à lier avec la première dont on avait parlée ICI . Bien sûr, une telle démarche d'un Groupe comme Provins va en irriter quelques uns, surtout pour la politique de prix qui se met en place (mais ça, c'est un autre sujet) mais on ne pourra jamais dire qu'il s'agit d'un vin artificiel, qu'il s'agit d'un vin technique, sans âme, et qu'il ne pourrait pas être comparé à des noms de réputation mondiale. Il y aura d'autres dégustateurs invités à de telles confrontations, avec d'autres noms naturellement - histoire de bien rester dans une aveugle totale - mais le moins que l'on puisse dire, écrire est bien de féliciter les responsables de ce projet pour accepter les fourches caudines de l'aveugle. Une leçon. L'entrée Le poisson Cuisson basse température : simplement magnifique, croustillant et chaud à l'intérieur ! Superbe mariage entre la pasta légèrement safranée et Electus 2010. Encore un grand merci à Johanna de nous avoir invités à un tel moment, dans ces superbes montagnes dominant Sierre et ce Castel qui est un véritable petit bijou de réhabilitation.