Ici commence la nuit

« Ici commence la nuit »

GUIRAUDIE Alain

(P.O.L.)

Un roman noir, même s’il entrouvre les quelques fenêtres qui lui apportent le peu de lumière nécessaire à la survie. Encore que ? L’épilogue ne laisse, lui, guère de doute, même s’il était prévisible dès l’instant où se croisent les routes du narrateur et du chef des pandores, lorsque celui-ci s’en vient enquêter sur la disparition du slip kangourou de Pépé, un bientôt centenaire dont il s’avérera que le narrateur s’est épris. Tandis que quelques personnages que l’on dit secondaires (dont une adolescente) brouillent les pistes. Puis que le narrateur découvre à l’insu de son plein gré la vraie nature de la personnalité du Chef des pandores dont il fera toutefois son amant.

Thriller ? Pas vraiment. Roman de mœurs ? Pas vraiment non plus. Le Lecteur penche pour une tentative qui entremêle les genres afin de mettre en exergue un profond « mal vivre », la difficulté d’être dans une société hermétique à la présence de celles et ceux qui ne sont pas ressemblants. Mais l’intrusion quasi constante des fantasmagories de l’Auteur amoindrit, édulcore son propos. Alors que l’éclairage sur la relation si particulière entre le narrateur, personnage qui pressent l’effondrement de son existence, et le Chef des pandores, son amant et son bourreau, cet éclairage laisse tant de zones dans l’ombre (ou la pénombre) que le Lecteur éprouva ce qui ressemble à de la frustration.