Il y a trois ans presque jour pour jour - comme le temps passe ! - je vous parlais ici de ma passion pour les boutons ... Pas au point à ce jour de convaincre Claude de m'emmener au musée situé à Méru (Oise) mais simplement de m'accompagner à Paris, à cette étonnante exposition sur le bouton et la mode ....que je ne pouvais pas manquer !
Quelle petite-fille n’a-elle pas rêvé devant le trésor étincelant d’une boîte à boutons ?
Souvenirs de toilettes abandonnées dont on a récupéré ces accessoires, signe de bonne gestion car on peut toujours avoir besoin de remplacer un bouton arraché ou tout simplement perdu … Dans ma famille où une cousine « première main tailleur » travailla dans la haute couture – Madeleine de Rauch, Jacques Fath, Hubert de Givenchy … - on savait le rôle, la place et le prix des boutons. Parfois plus chers que le tissu qu’ils étaient destinés à clore … Il m’est arrivé aussi de remplacer les boutons d’une robe ou d’un tailleur neuf, simplement parce que ceux d’origine me déplaisaient. Aujourd’hui, j’ai le plus grand mal à trouver des merceries à Paris, lorsque je tricote pour les petits-enfants !
La collection exposée ici est tout simplement époustouflante : plus de 3000 pièces, qualifiée de Trésor national, à admirer et à examiner sous toutes les « coutures ». La période choisie débute à fin du XVIIIème siècle. Auparavant, le laçage est le moyen le plus courant de fermer un vêtement - quand on ne préfère pas coudre les pièces d'habillement directement le matin pour les défaire le soir. Et, au début, le bouton est un élément essentiellement masculin, avant que la mode féminine ne s’inspire des formes militaires.
Car le bouton est tellement plus pratique … Sauf que, lorsqu’on appartient à la classe élevée de la société, il devient signe de richesse, objet d’art, bijou précieux, manifestation des idées politiques et même, s’il est placé au dos du vêtement, montre qu’on dispose d’une camériste pour vous habiller et vous dévêtir !
Broderie réalisée en même temps que l’habit de cour à la française (ici à droite), bois, céramique, cuir, porcelaine, corozo, jais, plastique, métaux précieux ou demi-boules recouvertes de tissu, diamants, nacre … Toutes les matières sont utilisées. Tous les créateurs s’y adonnent : les paruriers, les sculpteurs, les couturiers au premier chef, mais aussi les artistes de renom : Cardeilhac, Edgar Brandt, Lalique, Jean Arp, Sonia Delaunay …
Car le bouton permet de souligner une silhouette, évoque son dégrafage, devient sexy, structure une coupe savante, souligne la cambrure d’un buste (les gilets d'hommes de l'époque romantique), devient décor à lui seul : Elsa Schiaparelli et ses papillons (1937), Poiret, Lucien Lelong, Christian Dior, Cristobal Balenciaga et ses doubles boutonnages, Courrèges, Karl Lagerfeld pour Chanel, Jean-Paul Gaultier …
Plus de 100 vêtements et accessoires de mode – ah ! Ces bottines qui vont jusqu’au haut du mollet ! – à détailler sous une lumière tamisée …J’ai adoré … et Claude aussi !
Déboutonner la mode, exposition au musée des arts décoratifs jusqu’au 10 juillet, tous les jours de 11 h à 18h sauf le lundi, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris