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[CANNES 2015] Premier jour : à quelques heures de l’ouverture

Publié le 12 mai 2015 par Tempscritiques @tournezcoupez

La ville de Cannes se prépare à l’euphorie. Le 68ème Festival de Cannes s’ouvre ce soir…

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Les rayons du premier soleil se sont engouffrés par la fenêtre tôt dans la matinée. Dehors, un air frais mais vivifiant nous rappelle que le printemps s’installe tranquillement. Aujourd’hui, mercredi, vogue une sensation étrange dans les rues de Cannes. C’est la même chaque année. Elle mêle à la fois l’éclosion printanière à une euphorique excitation.

Il est encore tôt, et il fait encore bien calme. Mais d’ici peu (ce n’est qu’une affaire de minutes), la tranquillité va céder sa place à l’effervescence.
Cannes, un peu plus de 70 000 habitants en temps normal, va se métamorphoser. D’ici une heure ou deux, les rues vont commencer à se remplir, comme une fourmilière que l’on aurait excité subitement. Plus de 200 000 personnes vont se mettre a piétiner l’asphalte rouge de la Croisette et arpenter les rues. Autour de leur cou, un badge qu’ils arborent fièrement, celui du 68ème Festival de Cannes, le même qui leur offre la possibilité de pénétrer l’enceinte du palais des Festivals.

La ville de Cannes

La ville de Cannes

Quels sont les autres avantages du badge ? Déguster gratuitement et sans limitation un délicieux café à la boutique Nespresso, montée dans le Palais spécialement pour l’occasion. Se délecter, sur la plage, d’une glace Magnum concoctée devant vous et selon vos goûts. Rentrer sans difficultés dans les palaces bordant la Croisette pour y rencontrer quelques stars. Mais surtout, bien sûr, découvrir l’ensemble des films proposés en sélection. Car le Festival de Cannes est avant tout un rendez-vous de passionnés. Malgré tout le confort qui est offert à ses participants et à quelques exceptions près, la raison principale de la venue à Cannes des accrédites est la découverte de nouvelles oeuvres cinématographiques, celles des grands auteurs et des petits noms. Et, bien que Cannes offre un grand shoot d’adrénaline et nous chouchoute dans son cocon pendant une dizaine de jours, c’est exactement cette même raison qui nous anime, avant toutes choses.

Ce mercredi, Cannes s’éveille en douceur. Un seul film sera proposé au public aujourd’hui, La tête haute, d’Emmanuelle Bercot, qui ouvre justement les festivités cannoises. Il succède à la romance hollywoodienne Grace de Monaco, qui avait suscité l’an passé les foudres de la famille princière pour au final être enterré définitivement par la presse. Cette année, le choix a surpris la presse. Pas de grandes stars. Pas de paillettes. Très peu de glamour pour la première montée des marches du 68ème édition du Festival. Thierry Frémaux, le délégué général, explique : « C’est évidemment le reflet de notre volonté de voir le Festival commencer avec une œuvre différente, forte et émouvante. Le film d’Emmanuelle Bercot dit des choses importantes sur la société d’aujourd’hui, dans la tradition d’un cinéma moderne, pleinement engagé sur les questions sociales et dont le caractère universel en fait une œuvre idéale pour le public mondial qui sera au rendez-vous à Cannes. »
Les premiers échos de la presse arrivent dans quelques heures.

Catherine Deneuve dans La tête haute

Et nous ? Que venons-nous faire ici, au milieu d’une nuée de journalistes, de critiques et de professionnels du cinéma ? Inutile de nous autoproclamer journaliste ou critique : nos lacunes sont encore bien trop béantes pour oser y prétendre. C’est donc encore une fois en toute modestie et en toute discrétion que nous errons dans les files d’attente, comme de simples amoureux, impatients de rencontrer l’émotion et d’embrasser de nouvelles pépites. Fidèles à nos premières intentions, il sera donc impossible de nous permettre de « descendre » une œuvre présentée ici, dans le très saint du cinéma. Comme d’habitude, nous privilégierons la mise en relief de nos coups de cœur, sans pour autant trucider les autres objets de la sélection. Nous ne retirerons, comme à l’accoutumée, que les éléments positifs. Qui sommes-nous donc pour dire du mal des oeuvres pensées par ces artistes que l’on connaît au fond très peu ? En concevant ce blog, nous voulions principalement créer une plateforme de partage, et non un énième site de critiques de films. A notre échelle, encore faible admettons-le, nous voulons contribuer à élargir la vision du public envers le cinéma.

Joseph Bédier disait : « le cinéma, c’est un œil ouvert sur le monde« . C’est peut-être la définition du septième art que nous trouvons la plus juste. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous pensons qu’il est important de le défendre : c’est pour nous un sentier d’évasion, un moyen d’échapper à la routine quotidienne, une façon de nous rendre compte du charme des cultures pratiquées à l’extérieur de nos propres frontières, et donc une voie pour comprendre et accepter la différence. A ce sujet, Cannes est le lieu de rendez-vous des cinémas de toutes les destinations. Depuis sa création à la fin de la deuxième guerre mondiale pour concurrencer la Mostra de Venise, qui diffusait essentiellement des films de propagande fascistes, le Festival de Cannes tient et respecte son engagement : promouvoir un cinéma issu de tous pays, et promouvoir la tolérance. Puis, au fil des années, il est devenu une bulle de dépaysement et de magie, pendant laquelle les mauvaises nouvelles de l’actualité ne semblent plus pouvoir nous toucher.

Ce soir, la cérémonie d’ouverture lancera officiellement sa 68ème édition. Les films vont se succéder. Nous serons peut-être déçus par nos attentes. Surpris par des oeuvres que l’on pensait mineures. C’est le charme cannois et le propre du cinéma : avec leur propre alchimie, les films agissent différemment. Encore une histoire de diversité…


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