Nuits Botanique 2015: Benjamin Clementine, Adrian Crowley, Le Colisée - Chapiteau du Botanique
Le billet de JPROCK:
Chaque année au mois de mai les Nuits Botanique sont le rendez-vous musical incontournable des amateurs de musique .
Avec une programmation qui va de la présentation de nouvelles pousses qui pointent le bout du nez aux prestations d'artistes confirmés, chacun y trouve son compte selon ses goûts et ses envies.
Ce soir, en ce samedi 9 mai, le chapiteau affiche sold out et bien sûr Benjamin Clementine n'y est certainement pas étranger.
Le nouveau prodige londonien étonne et fascine, et il est clair que le gros du public a fait le déplacement pour lui.
Mais avant de pouvoir admirer le natif de Crystal Palace " on stage " la soirée démarre avec
Le Colisée .
Ce très jeune groupe belge drivé par David Nzeyimana propose une pop indé légère et dansante qui lorgne du côté d'Animal Collective .
Et même si c'est parfois approximatif en début de set le groupe constitué aussi de Raphaël D ,Clément M, Simon M et Vivian A se bonifie au fil des minutes et démontre qu'il a un potentiel certain.
Ils sont ( très) jeunes, tous les rêves leur sont donc permis.
Changement de style et d'ambiance ensuite avec Adrian Crowley que j'attendais personnellement avec impatience tant son album " Some Blue Morning " sorti en 2014 est une petite perle .
Voix grave à la Leonard Cohen qui vous chatouille l'échine, présence scénique incontestable malgré qu'il se présente seul sur scène, l'Irlandais né à Malte va se mettre le chapiteau en poche tout en douceur avec des compos magnifiques et une simplicité touchante.
Passant de sa guitare électrique aux claviers, Adrian nous emmène dans un trip mélancolique magnifique.
Son style est souvent comparé à Bill Callahan et Nick Drake , mais Crowley pose une empreinte dans votre coeur dont il reste toujours une trace lorsque vous réécoutez l'artiste.
Actif depuis 1999, (eh oui ce n'est pas un débutant ! ) gageons que cette fois le talent incontestable de ce musicien talentueux et sympathique soit enfin reconnu à sa juste valeur.
En tout cas ce soir il a conquis le public et obtenu un rappel et ce n'est à mon humble avis que le début d'une jolie histoire d'amour entre Crowley et la Belgique .
C'est finalement vers 21h30 que Benjamin Clementine pieds nus et vêtu d'un long manteau sombre traîne sa silhouette longiligne sur scène sous une immense ovation du public.
Quelques instants de silence et de concentration extrême, puis ses doigts caressent les touches d'un piano qui immédiatement rentre en amour avec sa voix si particulière.
La foule retient son souffle car incontestablement le charisme du Londonien est énorme.
On le compare souvent à Nina Simone ou à Antony Hegerty pour certaines intonations de sa voix, et même si son jeu de piano doit sans doute une éternelle reconnaissance à Eric Satie, l'homme est une éponge d'influences prestigieuses qu'il magnifie en apportant sa touche personnelle.
Mais j'arrête là les comparaisons car Benjamin Clementine est unique et fait du Benjamin Clementine, un point c'est tout !
Totalement habité par sa musique et souvent inattendu dans son comportement sur scène, il demande à l'éclairagiste un bleu plus pastel, ( non pas autant, oui, comme ça , ça va...) admire longuement son piano et se tient debout, droit comme un " i " comme hypnotisé pendant de longues secondes devant l'instrument avant de jouer avec le couvercle du clavier et d'en sortir des sons étouffés en le frappant en rythme. Puis il se rassied et démarre l'intro d'un nouveau titre. Et lorsque l'apport d'une violoncelliste répondant au joli nom de Barbara s'ajoute à la maestria de l'artiste, le public est aux anges.
Après 80 minutes de concert, c'est avec une reprise étonnante et bourrée d'humour dans son interprétation du " Emmenez moi " de Charles Aznavour (avec qui il vient d'enregistrer une version très personnelle de " You've got to learn " sur l'album " Encores ") qu'il clôture un concert d'une classe folle et qui aura tenu toutes ses promesses.
Benjamin Clementine sera de retour chez nous au mois d'août dans le cadre du BSF où il se produira à la salle de la Madeleine le lundi 17 août.
Texte et photos : Jean-Pierre Vanderlinden aka JPROCK.