... pas à pas.
Normalement, si tout va bien, si je n'ai pas vendu la peau de l'ours avant..., si la bonne étoile me reste fidèle comme elle l'a fait depuis une dizaine d'années (oui, présente, bien, beaucoup plus que ce filament qui m'a tenu enfant), si les si se conjuguent dans le bon ordre, nous sommes pile dans ce changement de vie, pile dans cette parenthèse particulière où l'adrénaline nous aide et ne doit pas nous desservir.
Tous les lourds dossiers sont ouverts.Toutes nos faiblesses de procrastination sont béantes.Nous déchirons certaines pages du passé. Pfiou envolés les papiers de ma vie professionnelle d'autrefois (preuves de responsabilité/ou non, attraits/ou non). Pfiou disloqués les magazines que je gardais pour leur choix éditorial et qui ont depuis disparu, ce cher "Topo" par exemple dans lequel je découvre des critiques de Claro (marque si l'en est de sa valeur). Pfiou filaments de conseils santé bancales (ou carrément arriérés comme le dessin maternel ou grand-maternel de la méthode Billings), recettes de cuisine pas adaptées, écrits pas aboutis, étiquettes de loisirs créatifs Knorr Webbild offerts par ma tante (abeille et non soupe).
Pfiou le dossier sur les enfants, premier travail scolaire dont j'ai été fière, premières approches aussi de ces images qui me parlent tant: un regard d'enfant, ce n'est pas si innocent...
et puis ces écoliers chinois qui partent avec un suan pan dans le dos: quel clin d’œil pour ma vie de maman actuelle et en plein apprentissage partagé avec le petit d'homme.
Pfiou certains romans pas assez marquants pour me suivre encore, relégués pour d'autres.
Le thé est là, toujours, je m'offre ce quart d'heure tous les matins, après la marche d'une heure ou à la place si ma compagne de balade a dû arriver au travail plus tôt.
J'ouvre les boites, j'éventre les sacs, je vide. L'homme est devenu un autre, un ours grognon qui jette, lui qui gardait jusque même les billet de théâtre, concert etc...L'homme s'échappe aussi parfois seul à des concerts pour limiter la pression.
Le thé est là, pour me permettre de me poser, de reprendre souffle parce que la période est synonyme de tensions. Elle nous pousse dans nos retranchements, nous oblige à l'action, me laisse exsangue (enfin pas tout-à-fait, enfin façon de parler, moi toujours aussi "épanouie"). Se rendre compte qu'une boite de thé s'est finie sans même sans apercevoir. Un thé que je bois pour la dernière fois, un Gu Zhang Mao Jian. Ce thé est très apprécié des chinois qui y retrouvent le parfum de la terre mouillée après l'orage. Il est très aromatique, un peu beurré et végétal. Un thé vert de Chine qui nous a désaltéré et revigoré depuis deux mois.
Des discussions à n'en plus finir, des yeux abimés à lire entre les lignes des dossiers, des cris, des larmes, des réconciliations, un grand petit homme un peu pris dans la tourmente. Puis des fous rires.
Avançons, pas à pas...