Chronique « Dents d’ours (T3) »
Scénario de Yann, dessin de Henriet,
Public conseillé : Adultes / Adolescents
Style : Guerre, Aventure historique
Paru aux éditions Dupuis, le 7 mai 2015, 48 pages couleurs, 14.50 euros
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L’Histoire
Dans le tome précédent, Max, en mission secrète de la SAS pour tuer la Flugkapitän Hanna Reitsch, était découvert…
25 avril 45. Dans Berlin en ruine, occupé par l’armée russe, un petit avion allemand de reconnaissance se pose après un passage en rase-mottes. Dès son atterrissage, Hanna se rend directement à une entrevue en tête à tête avec le Führer… dans son Bunker.
Trois jours plus tard, elle décolle à bord d’un avion de guerre puis atterrit sur la petite base secrète de Khala !
Sa mission est claire : démarrer le “Projekt A” !
Ce que j’en pense
Voici enfin le 3e et denier épisode de la trilogie ! …Hé ben non, contrairement à ce que je pensais, il ne s’agit (que) d’une fin de cycle…
Néanmoins, la qualité est toujours au rendez-vous. Dans ce vrai-faux-ultime épisode, Yann poursuit son récit en deux temps. D’un coté, il explore la relation triangulaire entre les trois amis : Hanna, qui n’arrive pas à choisir entre ses amis-amour, mais surtout la psychologie de Werner, en regard de Max. Jusqu’à présent, ce personnage semblait le plus simple des 3 : un espèce de “nazillon” en devenir, engagé dans les HitlerJungen (les jeunesses hitlériennes). Avec cet album, il prend de l’épaisseur… et du flou… Tant mieux.
Parallèlement, Yann déroule son récit d’espionnage. 1945. Max, agent du S.A.S., est démasqué dans sa tentative de tuer Hanna. Dans cette fin de conflit annoncée, l’Allemagne nazie sait qu’elle va perdre et les plus acharnés (Hanna la première) se lancent une dernière offensive contre leurs ennemis pour les déstabiliser profondément.
Grand connaisseur de la seconde guerre mondiale et de ses petites histoires, Yann se sert avec malice des ses connaissances. Il intègre dans son récit les superbes prototypes allemands d’avions à réactions (HO 229 et HO XVIII B), tous réels, mais qui n’ont que peu ou pas volé en action. Avec le “Projekt A”, autrement dit “American Bomber”, il met au centre de son récit une grosse tension dramatique. Le projet en question avait pour but de construire un bombardier nucléaire longue distance (Berlin-New York)…
Heureusement, ces beaux joujoux ne sont pas centraux dans le récit. Ils servent de “background” à la relation amoureuse entre Werner et Hanna.
Enfin, en évitant de Spolier, Yann m’a surpris par un beau “coup de Jarnac’” (même si je sentais quelque chose venir…) qui change la donne et relance l’histoire.
Coté dessin, Henriet assure tout autant. Cette collaboration confirme que le duo qu’il forme avec Yann pourrait devenir aussi “Bankable” qu’avec Berthet et la série “Pin-Up”. Son dessin classique, à peine exagéré, est une belle “ligne claire”, élégante et parfaitement lisible. Sous son trait, les femmes sont belles et les avions très graphiques et précis.
Visiblement, Henriet est inspiré par son sujet et c’est tant mieux pour nous !
Les couleurs (numériques) de Usagi servent à merveille le dessin. Les ambiances “bleues nuit” ou “rouge feu” sont posées sans plomber le trait.
Pour résumer, ce troisième (mais pas dernier) tome de “Dent d’ours” clôture en beauté le cycle. Entre aventure/espionnage de haute voltige et drame humain, l’équilibre du scénario de Yann est impeccable. Il est servi par un dessin et des couleurs parfaitement à l’unisson. Une réussite !