1,2,3... Soleil devient au collège 1,2,3... Foulard...pourquoi? pour se faire peur, pour s'intégrer dans un groupe, par amour, pour défier ses parents...oui un peu de tout cela mais ce n'est pas sans risque.
J'avais entendu parler du jeu du foulard dans les médias. J'avais vaguement compris que le risque était l'étranglement. Je ne comprenais pas vraiment comment ce jeu était arrivé dans les têtes des ados ni pourquoi ils le faisaient. Dans ce roman, Eric Sanvoisin se met dans la peau d'une adolescente, Charlotte, douze ans.
Charlotte entre au collège la peur au ventre : comment se faire accepter dans ce nouveau lieu? Charlotte n'a pas eu une enfance que l'on peut qualifier d'heureuse. Sa mère, dépressive, lui a fait subir quelques frayeurs. Charlotte a été placée, plusieurs fois, avant de trouver refuge chez un couple qui a réussi à lui offrir un peu de stabilité. Ballottée par ce passé, le retour de sa mère "bio" et cette entrée au collège, Charlotte va à sa manière chercher à s'échapper avec Jordan. Jordan, c'est le beau gosse, le caïd, l'âme blessée, le mystérieux dont toutes les filles rêvent. En intégrant le club de Jordan, Charlotte expérimente les sensations de syncope qu'offre le jeu du foulard. Ce jeu qu'il faut toujours faire à deux au minimum pour que la pression qui fait passer de l'autre côté puisse s'arrêter et que la personne puisse revenir au réel. Si le jeu du foulard est très présent dans ce roman, il n'en constitue pas le seul intérêt du lecteur. Au-delà de la tragédie, l'auteur manie les thèmes de cette période difficile qu'est l'adolescence : exister au sein d'un groupe, se forger sa personnalité, découvrir l'amitié et les trahisons. L'auteur met aussi en lumière les erreurs que les adultes peuvent faire en voulant à tout prix rapprocher un enfant de sa mère naturelle.
Le personnage de Charlotte est attachant et j'ai beaucoup aimé la relation qu'elle entretient avec ses parents actuels. Elle s'adresse d'ailleurs tout au long du récit à eux. On le sait dès le début, elle leur parle alors qu'elle est inconsciente à l'hôpital. Elle explique dans cette lettre ouverte à ses parents ses angoisses, son amour tellement fort pour eux, ses questions, ses souffrances. On aimerait tant que ses parents l'entendent...C'est un roman fort, plein d'émotions qui fait froid dans le dos aux parents mais dont j'ai aimé les multiples facettes et que je recommande chaudement au public ado.
Un livre découvert à la médiathèque mais dont Jérôme et Noukette ont également parlé sur leurs blogs.