Les jeunes amis - qui pensaient être hébergés sous le même toit - se retrouvent séparés : Nicolas loge dans une famille catholique, au cœur du quartier populaire du Markets où les tensions font partie du quotidien, tandis que Christophe se retrouve dans une famille aisée protestante dans un environnement bien plus bourgeois... loin des explosions et des bombes qui se font entendre certains soirs.Faisant fi des risques qui nimbent ce quasi-état de guerre, les deux amis font tout pour se retrouver malgré ce climat de tension entre troupes militaires et commando de l'IRA. Et, sans vraiment sans rendre compte, ils vont plonger de l'adolescence dans l'âge adulte lorsque les choses finiront par mal tourner. Si l'essentiel du récit de Kris est autobiographique, sachez juste que le dénouement est purement fictif. Heureusement.Vincent Bailly, pour sa part, développe 62 planches superbes, crues, franches dans un style assez éloigné de ses précédents travaux (Cœur de sang, Angus Powderhill). Servant avec une belle efficacité le propos de son scénariste, Bailly fait preuve d'une maîtrise graphique faussement brouillonne, et terriblement picturale.L'ouvrage est complété d'un copieux et passionnant dossier resituant le contexte historique abordé par l'album. Signé de plusieurs spécialistes, historiens ou journalistes, de l'Ulster et de l'Irlande, proposant également le témoignage des deux acteurs directs de cette histoire, il se révèle un excellent complément à la lecture des Coupures irlandaises...Coup sur coup, avec ses Coupures irlandaises et ses Ensembles contraires parus simultanément, Kris signe deux récits forts, poignants. Tout bonnement humains.