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Commémoration. L’histoire sacrifiée à la guerre froide

Publié le 12 mai 2015 par Particommuniste34200

Commémoration. L’histoire sacrifiée à la guerre froide

Soixante-dix ans après la capitulation du régime nazi, responsable de la guerre la plus meurtrière de l'histoire, la date du 8 Mai (9 Mai pour les Russes) est-elle sur la voie d'être discrètement effacée du ­calendrier des grands rendez-vous des ­commémorations internationales ? L'événement ne donnera lieu à aucune rencontre de haut niveau entre les représentants des peuples qui ont souffert de la barbarie ni même des chefs d'État des puissances unies en 1945 dans la coalition antihitlérienne, la Russie (en ce temps l'Union soviétique), les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France (que la force de la Résistance avait hissée au rang des nations victorieuses).

Telle est la conséquence du refus de la plupart des chefs d'État occidentaux de répondre à l'invitation du président russe de participer aux cérémonies à Moscou. La France y sera représentée par Laurent Fabius. Barack Obama, David Cameron et François Hollande veulent affaiblir Vladimir Poutine, dans le cadre du conflit qui oppose les autorités russes aux dirigeants ukrainiens, en sabotant un rendez-vous qui pourtant appartient à ­l'Histoire. Dans leur sillage, la majeure partie des capitales européennes ont décidé de boycotter la Russie. Le président polonais Bronislaw Komorowski organise une réunion aujourd'hui à Gdansk pour souligner que le 8 Mai fut le prélude de quarante-cinq ans de domination soviétique en Europe de l'Est. Finalement, seuls le premier ministre grec, Alexis Tsipras, et le président tchèque, Milos Zenan, devraient marquer par leur présence sur la place Rouge, leur refus d'instrumentaliser la victoire pour le compte d'une réactivation de la guerre froide. Angela Merkel a choisi de ne pas participer aux ­cérémonies officielles, mais fera le voyage de ­Moscou le lendemain pour déposer une gerbe en hommage aux quelque vingt-cinq millions de morts soviétiques.

Le contraste est frappant avec le climat d'unanimité, au-delà des tensions politiques du moment, dans lequel avaient baigné en 2014, les commémorations du 70e anniversaire du débarquement. Sur les plages normandes, la présence d'Obama et de Poutine, mais aussi de la reine d'Angleterre, aux côtés du président français, la venue des survivants de l'opération " Overlord " soulignaient l'importance du combat commun de peuples et de gouvernements par ailleurs opposés sur de nombreuses options politiques. En ce 8 mai 2015, en France même, il serait difficile de faire plus modeste en matière de service minimum : dépôt de gerbes devant la statue du général de Gaulle et sous l'Arc de triomphe et revue d'un détachement militaire.


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