Une menace sur la Commission onusienne des Droits de l'Homme

Publié le 12 mai 2015 par Micheltabanou

Bonne nouvelle pour tous les amis de l'obscurantisme - qui se porte bien de nos jours! L'Arabie saoudite convoiterait la présidence du Conseil des droits de l'homme... Impossible, inimaginable?
Frottez vous les yeux car... pas tant que cela si l'on est attentif et si on a lu cet excellent ouvrage de Malka Marcovich: "Les nations dés unies - Comment l'ONU enterre les droits de l'homme" qui dans sa présentation prophétisait ce qu'il peut malheureusement advenir aujourd'hui: " En quelques années, tous les nouveaux mécanismes créés depuis le tournant du millénaire n'ont fait qu'aggraver le délitement de l'institution. Au fil du temps, les attaques contre l'héritage des Lumières, contre la démocratie, les libertés individuelles et l'égalité avaient trouvé différents chemins pour s'exprimer. Mais au lendemain de la Conférence mondiale contre le racisme à Durban en août 2001 et des attaques contre les tours jumelles à Manhattan le 11 septembre 2001, on a assisté à une offensive sans pareille, menée notamment par l'Organisation de la conférence islamique, par la Chine, par la Russie et par Cuba... pour l'adoption de nouvelles normes totalisantes, visant à limiter la liberté d'expression, condamner la laïcité, et remettre fondamentalement en péril les avancées des droits des femmes depuis cinquante ans. Alors que le monde s'apprête à répéter à l'usure, tel un mantra planétaire, le " Nous les peuples " de la Charte et les articles de la Déclaration universelle, force est de constater que soixante ans après, le rêve des fondateurs s'est transformé en cauchemar..."

En effet tout est devenu possible et notre cauchemar annonce devient réalité car Faissal bin Hassan Trad, le représentant permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'ONU fait campagne au sein du groupe Asie pour être son candidat lors du renouvellement qui doit intervenir en fin d'année.
Actuellement, le Conseil est présidé par l'Allemand Joachim Ruecker dont les qualités et l'engagement font l'unanimité. Avant lui, c'était un Africain, le Gabonais Baudelaire Nganella, qui n'a pas laissé un très bon souvenir au dire des ONG, sorties frustrées de son année de présidence. La règle des rotations veut que le prochain président du Conseil des droits de l'homme soit issu du groupe Asie qui regroupe treize pays (Arabie saoudite, Bangladesh, Chine, Émirats arabes unis, Inde, Indonésie, Japon, Kazakhstan, Maldives, Pakistan, République de Corée, Qatar et Vietnam). Faisal bin Hassan Trad a toutes ses chances. La bataille promet d'être serrée. Les Européens vont tous essayer de dissuader les membres du groupe Asie de faire ce choix, considéré par avance comme désastreux pour l'image du Conseil des droits de l'homme. Plus encore Il y en a de quoi à en avoir le frisson au regard de la liste des pays candidats possibles: Pakistan, Émirats Arabes, Qatar, Bangladesh, Indonésie....
Mais le plus préoccupant c'est que l'Arabie Saoudite est en train de faire le forcing auprès de ces autres pays pour être désignée. Si jamais elle y parvient, ce sera une catastrophe pour le Conseil des droits de l'homme. Cela risque de nous renvoyer aux pires heures de l'ancienne commission qui avait sombré dans le discrédit confie un diplomate occidental sous couvert d'anonymat.

Sur le papier, rien ne s'oppose en effet à ce que l'Arabie saoudite puisse présider un jour le Conseil des droits de l'homme. Elle en est membre à part entière, élue pour trois ans renouvelables par l'Assemblée générale de l'ONU. Mais cette perspective suscite d'ores et déjà embarras et malaise au sein du Conseil et un début de colère parmi les défenseurs des droits de l'homme.
L'Arabie saoudite était l'un des huit pays à ne pas signer la Déclaration universelle des droits de l'homme lors de son adoption en 1948. Aujourd'hui, la monarchie saoudienne continue à pratiquer une justice expéditive très éloignée des standards démocratiques occidentaux. Il est vrai que certains mettent en cause notre universalisme occidental et la liste des idiots utiles à cette cause s'est élargie depuis des années...En Arabie Saoudite l'égalité entre hommes et femmes n'existe pas, les homosexuels sont condamnés à mort, aucune autre religion que l'islam n'a sa place, la liberté d'expression relève du fantasme et comme tout dernièrement on assiste à une répression particulièrement brutale et obscène des blogeurs condamnés à des séances publiques de coups de fouets qui finissent par leur extrême brutalité et sauvagerie à lacérer et achever les victimes. J'en veux pour preuve les ONG qui n'ont cessé d'alerter ces dernières années sur la dureté et l'inhumanité de ce régime. "La fonction de président est importante. Si elle est élue, l'Arabie Saoudite devra montrer une plus grande vigueur à soutenir le mécanisme de l'Examen périodique universel (EPU) qui est un mécanisme qui associe la société civile au passage en revue de chaque pays et qui retient toutes les réticences de l'Arabie saoudite à le mettre en œuvre.
Comme le déclare la porte-parole d'Amnesty International Nadia Boehlen il est "totalement ironique de voir un pays qui bafoue aussi allègrement les droits de l'homme en pratiquant des exécutions cruelles" convoiter la direction de l'organe qui a la responsabilité "de renforcer la promotion et la protection des droits de l'homme autour du globe". La candidature de l'Arabie Saoudite n'est aucunement crédible pour jouer le rôle essentiel de la promotion et de la protection des droits humains pour tous... Nous sommes au bord d'un vertigineux précipice qui menace l'édifice bâti par les Nations en 1947 lorsqu'elles prenaient solennellement le destin de notre humanité en signant la Déclaration universelle des droits l'homme.

Et Lui qu'en pense t-il lorsqu'il se réjouit en brandissant ce sabre symbole de la cruauté absolue du royaume wahhabite?