Only Real, alias Niall Galvin, c’est cet étrange garçon anglais au visage enfantin qui ne cesse de faire des grimaces sur les photos de presse. C’est celui qui prend des bains de céréales Froot Loops dans ses clips. Mais c’est surtout l’artiste qui, faute de pouvoir rentrer dans une case (hip-hop ? surf-pop ? rock ?), a créé la sienne, et elle est fascinante. C’est avec son premier album Jerk At The End Of The Line qu’Only Real s’impose dans le paysage de la musique indé (on vous avait prévenu, ce n’est vraiment pas évident de lui trouver une étiquette) et délivre l’un de nos coups de coeur de 2015. Mais Only Real c’est également un garçon adorable, qui déconne sans arrêt et qui se prend très peu la tête. C’est pourquoi l’interview s’est déroulée tout naturellement dans le tourbus, tandis que le backband jouait au foot juste à côté.
Across The Days : On a entendu que toi et tes amis aviez choisi ensemble le nom de scène Only Real. Tu peux me raconter un peu comment ça s’est passé ?
Only Real : Oui en effet ! En fait j’avais déjà composé quelques morceaux et je me suis dit qu’il fallait vraiment que je trouve un nom pour pouvoir les mettre en ligne. Donc mon pote Leo de Childhood m’a suggeré Only Real, et j’ai beaucoup aimé car ça peut vouloir dire beaucoup de choses et j’ai pensé que c’était très important.
ATD : Les médias décrivent ta musique comme un mélange de lo-fi, rap, surf-pop etc. Quelles sont tes influences ?
Only Real : Je pense que c’est un peu de toutes ces choses ! J’aime beaucoup le hip-hop des années 90, mais aussi beaucoup de groupes-à-guitares comme Deerhunter, The Black Lips, des choses plus vieilles comme les Clash, les Beach Boys, Madness. Donc en fait, c’est un grand mélange de toutes ces choses. J’ai grandi en écoutant ces groupes, du coup ils sont forcément présents dans ma tête quand je compose.
ATD : Tu as travaillé avec Ben Allen (producteur de Deerhunter, Gnarls Barkley). Comment l’as-tu rencontré et comment s’est passée la collaboration ?
Only Real : Je l’ai rencontré car il a produit Halcyon Digest de Deerhunter. Donc quand j’ai commencé à penser aux producteurs avec qui j’aimerais travailler, j’ai regardé qui avait produit cet album, qui me plaisait beaucoup, et j’ai vu que c’était lui, donc je l’ai contacté. Ensuite, on s’est skypé pendant un an, juste pour apprendre à se connaître. On a également beaucoup parlé par email pour échanger nos références, des morceaux etc. Et je l’ai rencontré quand il est venu à Londres et puis, quand j’ai eu un peu d’argent, je me suis rendu en Amérique pour commencer à travailler avec lui. La première chanson que l’on a faite était Cadillac Girl et, quand toutes les parties du morceau se sont assemblées, ce fut un moment très particulier. Je me souviens très bien du moment où on avait tout fini d’enregistrer : les guitares, la batterie etc.. Et là, on a ajouté un synthé assez aigu dans le refrain. C’est en entendant le résultat que je me suis dit « c’est le son de l’album, c’est ce vers quoi on doit se diriger ».
ATD : Donc en fait, vous aviez la même idée générale pour l’album, le même feeling ?
Only Real : Oui c’est ça, c’est pour ça que j’ai travaillé avec Ben et Dan (Carey, le second producteur de l’album). Car on avait les mêmes intentions concernant les parties des morceaux que l’on souhaitait développer et les parties que l’on voulait garder, provenant des premières démos. Donc les guitares sont à peu près similaires à celles des démos mais par contre, la batterie est totalement différente. J’ai découvert le monde des machines et des sons de batteries des années 80. Je connaissais un peu tout ça mais je n’en avais pas chez moi, c’est aussi ça qui est cool chez les producteurs : leur connaissance des machines, des sons analogiques etc. Donc c’était génial de travailler avec eux car on voulait la même chose, et on ne voulait pas perdre de vue les démos et les idées de base.
ATD : On t’a vu au début 2013 à Nantes, au début de ta carrière. Aujourd’hui, tu es de retour dans cette ville. Qu’est ce qui a changé pour toi sur scène ?
Only Real : Oui c’était mon premier concert en Europe, et c’était génial ! C’est très différent maintenant. A l’époque, c’était plutôt délabré ! On a toujours un peu de ça dans nos concerts aujourd’hui mais on a joué une centaine de concerts depuis donc ça a changé, ça s’est naturellement développé et on a passé beaucoup de temps a essayer de faire du mieux que nous pouvions et maintenant que mon album est sorti, on joue de nouvelles chansons. Donc oui, je pense que c’est quand même meilleur maintenant, mais c’était vraiment un super moment, ça sera toujours un concert spécial car c’était mon premier loin de chez moi donc j’étais genre « Oh mon dieu on joue dans un pays différent » ! En plus, je jouais ce soir là avec mes amis de Childhood donc on a de super souvenirs de Nantes.
ATD : Only Real est un projet solo. Comment composes-tu ?
Only Real : Ça varie toujours un peu mais généralement, quand je suis dehors, dans le métro ou dans la rue et que je trouve quelque chose, je le note dans mon téléphone, dans les notes ou avec l’enregistreur, puis quand je rentre chez moi, je commence à jouer de la guitare et je compose un morceau. Donc ça commence généralement avec de la guitare et puis j’écris souvent le refrain et ensuite je laisse faire le truc. Il n’y a pas vraiment de notice, je fais comme ça vient.
ATD : Comment c’était de partir travailler deux mois à Atlanta ?
Only Real : C’était très intense, j’ai presque travaillé tous les jours pendant des heures et des heures. Mais c’était bien d’être là-bas, d’avoir ce focus sur la musique avec seulement Ben, les gens du studio, être loin de mes amis et de ma famille. Etre en totale immersion, c’était bon pour ma tête aussi ! Et il faisait beau, la nourriture était vraiment bonne donc j’aime énormément cette ville. C’est là où j’ai enregistré mon premier album donc ca restera un lieu spécial pour moi.
ATD : Tu as toujours été passionné par la musique ?
Only Real : Pas vraiment. J’aimais certains trucs de musique quand j’étais plus jeune, mais je ne pouvais pas écouter des choses trop profondes émotionnellement, je n’aurais pas pu écouter Yo La Tengo par exemple. Les choses qui faisaient une sorte d’introspection, qui te faisaient trop réfléchir me faisaient un peu peur car je ne savais pas comment appréhender des sentiments intenses. Mais vers l’adolescence à 12/13 ans, j’ai commencé à écouter du hip hop, de la musique indé. Donc j’aimais la musique avant, ma mère passsait des CD à la maison, mais je n’aimais pas les choses trop chargées émotionnellement.
ATD : Que fais-tu quand tu rentres à Londres, lorsque tu n’es pas en tournée ?
Only Real : Pour être honnête, je fais de la musique sans arrêt. Simplement parce que je suis obsédé par ça ! Après, j’aime aussi aller au pub avec mes amis, boire des pintes et m’asseoir près de l’eau… Je n’ai pas vraiment d’autres hobbies, je dois être un peu ennuyeux !
ATD : Si tu n’étais pas Only Real, qui serais-tu ?
Only Real : J’ai toujours eu cette théorie dans laquelle je serais dans un cirque si je ne faisais pas de musique, parce que j’adorais cet univers étant petit, donc m’envisager de cette manière me satisfait ! Mais sinon, je serais assez malheureux en fait, je trouverais quelque chose à faire mais par chance je peux faire de la musique maintenant donc c’est cool.
ATD : Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Only Real : Continuer à évoluer, à grandir. Je pense que le premier album définit un musicien et maintenant que j’ai fait ça, je peux faire plein de choses comme collaborer avec d’autres gens, co écrire, produire, faire des vidéos pour d’autres artistes. Je peux explorer pas mal d’autres horizons maintenant, faire des mixtapes aussi, un peu plus rap, un peu plus dark.
ATD : La chanson que tu chantais étant petit ?
Only Real : Mousse T. – Horny
J’ai chanté cette chanson tout fort ça dans un restaurant sans savoir ce que horny voulait dire (« en chaleur ») à genre 7 ans, et ma mère était ravie !
ATD : La chanson que tu écoutes en tournée actuellement ?
Only Real : La chanson du générique de Grandstand, une émission sportive diffusée en Angleterre ! Le nom du morceau est Grandstand Theme.
En fait, c’est Ian, mon batteur, qui fait une fixette dessus. Sur un générique d’émission. Il n’arrête pas de la mettre dans le bus puis se met nu et danse.
ATD : La chanson que tu chantes quand tu es saoul ?
Only Real : Les chansons de Vengaboys !