L’épidémie Ebola débutée en Décembre 2013 aura touché officiellement 26.312 personnes et entraîné 10 899 décès dans 6 pays d’Afrique de l’Ouest (Sierra Leone, Libéria, Guinée, Mali, Nigeria et Sénégal). Cependant, peu d’études à ce jour ont précisé ses séquelles possibles ou ses complications.
Le patient en question dans cette étude est un médecin en bonne santé, âgé de 43 ans, qui avait reçu un diagnostic de maladie à Ebola en septembre 2014, alors qu’il travaillait dans une unité de traitement d’Ebola en Sierra Leone. Ce patient avait alors été traité par antiviral expérimental (TKM-100802). Au cours de son hospitalisation, le patient avait connu des complications » classiques « , une insuffisance multiviscérale, une altération de l’état mental, une difficulté à marcher liée à une fatigue extrême. Un mois et demi plus tard, les analyses de sang et d’urine étaient négatives, seul son sperme obtenu le jour de sa sortie était resté positif pour EVB et le patient avait alors été conseillé de s’abstenir de rapports sexuels ou d’utiliser des préservatifs pendant au moins 3 mois. A noter ici, cette étude publiée dans Reproductive Science, menée de 1977 à 2007 sur des hommes en phase de convalescence du virus Ebola, qui montre que le virus persiste dans le sperme de ces survivants, durant 66,6 jours en moyenne et jusqu’à 91 jours.
· 10 semaines après la sortie de l’hôpital, de nouveaux symptômes se développent, tels qu’une lombalgie, enthésite bilatérale (inflammation) du tendon d’Achille et des troubles de la sensibilité (paresthésie) des extrémités des membres inférieurs, des symptômes ophtalmiques dont une sensation occasionnelle de brûlure oculaire bilatérale, comme en cas de poussière dans l’œil, ainsi qu’une photophobie. Le patient a dû faire refaire ses lunettes de lecture.
Le patient a finalement reçu un diagnostic d’uvéite postérieure, de choriorétinite pigmentaire (atteinte des pigments de l’œil) et d’hypertension oculaire dans l’œil gauche, interprétées comme une séquelle probable de son infection à Ebola.
· En raison de l’aggravation des symptômes au cours des 48 heures suivantes, de la suspicion d’une cause infectieuse, des analyses de l’humeur aqueuse de l’œil ont été réalisées. L’étude décrit l’ensemble de la procédure à l’attention des cliniciens. L’humeur aqueuse est testée positive pour l’ARN Ebola.
· L’uvéite a continué sa progression, entraînant une forte diminution de l’acuité visuelle. Le patient a été traité par Prednisone (corticostéroïde) par voie orale et par gouttes ophtalmiques de 1% d’acétate de prednisolone, de timolol (bêta-bloquant) et atropine (antispasmodique-dilate la pupille) dans l’œil atteint. 3 mois plus tard, l’infection de l’œil était guérie et l’acuité visuelle globalement récupérée.
Une réplication active et une persistance du virus possible dans certains sites : Les chercheurs suggèrent que cette infection oculaire aiguë est un effet direct d’une réplication active du virus, persistant. Ils appellent à des études supplémentaires pour mieux comprendre le mécanisme responsable de cette persistance oculaire du virus et sur sa présence possible dans d’autres sites immunitaires privilégiés (protégés d’une réponse immunitaire qui pourrait être délétère pour leur bon fonctionnement), comme le système nerveux central, les gonades ou le cartilage articulaire.
Car concluent-ils, finalement peu d’études ont examiné les séquelles et complications post-Ebola.
Source: NEJM May 7, 2015DOI: 10.1056/NEJMoa1500306 Persistence of Ebola Virus in Ocular Fluid during Convalescence
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