1. Le ravissement des innocents, Taiye Selasi
C’est l’histoire d’une famille, des ruptures et déchirements qui se produisent en son sein, et des efforts déployés par chacun pour œuvrer à la réconciliation.
En l’espace d’une soirée, la vie sereine de la famille Sai s’écroule : Kweku, le père, un chirurgien ghanéen extrêmement respecté aux États-Unis, subit une injustice professionnelle criante. Ne pouvant assumer cette humiliation, il abandonne Folá, sa ravissante épouse nigériane, et leurs quatre enfants. Dorénavant, Olu, leur fils aîné, n’aura d’autre but que de vivre la vie que son père aurait dû avoir. Les jumeaux, la belle Taiwo et son frère Kehinde, l'artiste renommé, verront leur adolescence bouleversée par une tragédie qui les hantera longtemps après les faits. Sadie, la petite dernière, jalouse l’ensemble de sa fratrie. Mais l'irruption d'un nouveau drame les oblige tous à se remettre en question.
Les expériences et souvenirs de chaque personnage s'entremêlent dans ce roman d'une originalité irrésistible et d'une puissance éblouissante, couvrant plusieurs générations et cultures, en un aller-retour entre l’Afrique de l’Ouest et la banlieue de Boston, entre Londres et New York.
La citation :
Il trouva la femme affreuse, d’une laideur incroyable ; il perçut que son visage serait à l’origine d’atrocités ; il la détesta, son apparence, son teint laiteux, il détesta cette femme, ni africaine ni blanche, qui n’appartenait à aucun Peuple, aucun passé qu’il connaissait, qui trônait sur le mur, pétrifiée par la mort, sculptée dans la glace, l’unique membre de leur famille auquel ils ressemblaient vaguement, cette beauté pâle, haïssable, retranchée dans du cuivre ouvragé. »
Ce que j'en pense :
Le ravissement des innocents est un de mes derniers coups de cœur de la rentrée littéraire 2014 de septembre dernier, que j'ai rattrapé à l'occasion de la prochaine venue de l'auteur aux Assises Internationales du Roman qui commencent bientot. Taiye Selasi dont c'est pourtant son premier roman livre d'une écriture puissante, particulièrement romanesque et à la grande puissance évocatrice, un roman qui réussit la gageure d'embrasser toute l’histoire foisonnante d'une famille ghanéenne établie aux Etats Unis.
Histoire poignante qui nous plonge au sein de la famille Sai et nous fait voyager de l'afirque aux USA, tragédie qui s'achève sur une note d'espoir splendeur, en empruntant les chemins du hasard et de la mémoire, roman sur l'idenitié, le destin l'héritage, et les souvenirs, bref tous les ingrédients d'une très belle saga familiale sont réunis.
2. Infidèles, Abdellah Taïa
Quatrième de couverture :
Slima est prostituée. Son fils, Jallal, lui ramène des clients, des soldats de la base militaire de Salé au Maroc. Dans cette nuit sans fin qu'est leur existence règne une déesse venue d'Amérique. Blonde, du « feu sur sa tête », elle s'appelle Marilyn Monroe… S'inspirant de son mystère, Jallal et Slima, séparés par l'hypocrisie des hommes, vont s'inventer un destin dans une foi inédite en l'Islam.
La citation :
"Nous voyons. Nous acceptons la mort. Nous y allons.
Nous apprenons l'Histoire depuis le premier éclat : elle défile, limpide, devant nous. Devant Slima. Devant moi. Slima ne parlait presque plus.
Elle s'éloignait mais jamais elle ne lâchait ma main. Nous dormions ensemble, dans une toute petite pièce. Elle dans mon creux. Moi dans son creux. Frère et soeur. Musulmans. Plus que cela. Bien plus. Et même le contraire de cela. "
Infidèles, sorti récemment en Poche chez Points est un court et beau récit à plusieurs voix écrit dans un style télégraphique qui ne manque pas de poésie, l'histoire est rythmée par les nombreuses ruptures temporelles et les rencontres des deux antihéros. Bref un bref et joli roman qui nous fait découvrir la jeune vague de la littérature marocaine.