Lundi 4 mai, c’est au Café de la Danse que se produisaient Villagers, on les y attendait avec impatience et on est sorti conquis. Après une Cigale un peu vide l’an dernier, cette nouvelle tournée s’annonçait dès lors plus intimiste tout comme le nouvel album (on vous en parlait ici), véritable bijou de sensibilité. Une atmosphère intimiste que l’on a également pu ressentir dans la scénographie : tapis oriental épais, lampes diffusant une lumière tamisée, contrebasse et harpe.
Le décor est planté dès notre entrée et la salle se remplit progressivement. Bref, on était prêt à pleurer dans nos bières.
Ce concert parisien marquait la première escale de la tournée européenne des Irlandais qui défendirent leur troisième album Darling Arithmetic comme des chefs. Menée par Conor O’Brien qui a écrit, composé et enregistré seul ce nouveau disque, la petite troupe a vu sa composition modifiée pour l’occasion : la harpe a remplacé la guitare électrique, la basse s’est changée en contrebasse, les claviers, les guitares acoustiques et la batterie rivalisent de douceur, de délicatesse et de fragilité. De la formation originale, on retrouve Cormac aux claviers, Danny à la contrebasse et Conor à la guitare acoustique et au chant. Le groupe accueille cependant un nouveau batteur-trompettiste et une harpiste-pianiste qui sont tous deux également choristes. Un beau casting donc pour faire partager les influences pop-rock et folk (Bob Dylan ou Leonard Cohen pour ne citer qu’eux) du groupe, qui ne s’empêche pas pour autant de toucher à l’électronique aussi bien qu’à l’acoustique.
Plus proche du premier opus Becoming a Jackal dans son registre introspectif et folk, cet album ne rompt pas pour autant avec Awayland, son prédécesseur plus agité, et en conserve les arrangements aériens et électroniques. Si les titres du dernier album dominent la setlist, on ne boude pas notre plaisir à entendre les anciens morceaux formidablement réarrangés par et pour la nouvelle formation.
Après une première partie pop/reggae/electro qui jurait un peu avec l’atmosphère, le Café de la Danse fut rempli, tout juste complet. La foule était tranquille mais on pouvait sentir l’excitation poindre petit à petit alors que les fans du premier rang se saluaient. Le public était assez hétéroclite, l’âge des spectateurs variant d’une dizaine à plus d’une soixantaine d’années. Il faut croire que la musique de Villagers rassemble les générations.
À 21 heures, le groupe entrait en scène sous des applaudissements enthousiastes et s’installait pour ouvrir sur le titre éponyme « Darling Arithmetic ». La magie opéra tout de suite, le public fut enchanté et O’Brien ensorcela la fosse, les gradins et le balcon. Tout le monde était suspendu à ses lèvres lorsqu’il entama « Set the Tigers Free », titre du premier album que les fans ont pu découvrir ici sous un nouveau jour. Les applaudissements enflèrent. Vint ensuite le nouveau et très beau « Dawning On Me ». Le temps était suspendu, le frontman magnétique, la salle silencieuse et attentive.
Le groupe enchaîna sur « Nothing Arrived », morceau du second disque qui étonna par sa réorchestration, puis avec l’hypnotique « So Naive » et le poignant « No One To Blame ». Si les silences étaient profonds, les ovations furent tonitruantes et le chanteur touché par cette ferveur. Il se risqua même à des remerciements en français avant de se lancer dans un « That Day » acrobatique où, funambule vocal, il réinventa complètement cette chanson du premier album. Pas le temps de s’en remettre que voilà « Everthing I Am Is Yours », puis la contrebasse entama « Memoir » — un titre intime et émouvant qu’il avait écrit pour Charlotte Gainsbourg.
Le magicien irlandais nous transporta encore un peu plus loin dans cette transe onirique avec un « My Lighthouse » d’orfèvre, « The Soul Serene » plus rapide et plus vivant que sur l’album et « Hot Scary Summer » parfaitement maîtrisé. Les morceaux s’enchaînèrent et mirent en lumière les lignes mélodiques entre les doigts de la harpiste. Le public était à chaque chanson un peu plus sous le charme. « Little Bigot » se dévoila ensuite, intense et invocatoire. Une variante acoustique de « The Waves » s’acheva sous une déferlante d’applaudissements et Conor O’Brien présenta le groupe qui se retira, le laissant seul en scène pour une version grisante de « Ship of Promises » qui signait ici la fin du set.
Le chanteur sortit de scène, la salle grondait de ravissement et en redemanda. Conor O’Brien en solo ouvrit donc le rappel avec « Becoming a Jackal », titre éponyme du premier album. Les musiciens firent ensuite leur retour pour la troublante et déchirante « Pieces » avant de clore le concert sur une note plus gaie avec « Courage ». Les vivats fusèrent alors que les lumières se rallumaient sur une salle encore étourdie par la performance.
On en oublierait presque qu’on était lundi soir tant la performance nous a transporté.
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Si vous souhaitez vous aussi vivre l’expérience unique de voir Villagers en concert, sachez que leur magie se répandra à travers l’Europe avant d’envahir les Etats-Unis puis les festivals britanniques cet été. Leur nouvel album Darling Arithmetic est disponible quant à lui chez tous les bons disquaires ainsi que sur toutes les plateformes de streaming légal.
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