253 – du journalisme scientifique godillot

Publié le 11 mai 2015 par Jeanjacques

Un discours totalitaire est celui-là même qui occupe toute la surface l’espace social et qui interdit toute contestation. Il est diffusé par les organes de propagande officiels et, dans nos démocraties de grande liberté, par les médias indépendants, journaux, radios, télévisions.

Il existe ainsi un corpus de vérités en physique qui est inlassablement repris par les journalistes scientifiques et leurs invités, les grands missionnaires et vulgarisateurs chargés de répandre le dogme. Ainsi par exemple de J.M Levy-Leblond qui imperturbablement récite sur France culturele catéchisme agrémenté parfois de petites pointes critiques et de doutes vite régurgités. Sur un autre média, avec un autre invité, nous aurions droit, à la virgule près, au même enchainement démonstratif portant par exemple sur la puissance de la relativité ou le boson de Higgs, « particule de Dieu ! ». A la télévision, de belles émissions colorées nous transportent dans les premières secondes du big-bang qu’un scientifique bien en chaire commente du haut de son savoir de grand spécialiste CNRS. Là aussi, le déroulé démonstratif est exactement le même, les commentateurs sont interchangeables, la vérité en physique étant UNE et indubitable.

C’est qu’au grand public, il faut que la science montre son sérieux, sa cohérence et l’unité partagée par toute la communauté scientifique de son savoir. Il ne viendrait à l’idée d’aucun journaliste d’initier un débat contradictoire entre partisans et adversaires du big-bang. Ces journalistes scientifiquessont de simples « godillots », unechambre d’écho de la science officielle. Ayant une formation scientifique limitée, ils ne s’avisent, pas par crainte du ridicule, de s’opposer au dogme. A l’instar de leurs lecteurs ou auditeurs, ils adoptent une attitude d’émerveillement et de déférence à l’égard d’un savoir dont l’accès est impénétrable et complexe. Il n’est donc pas question de « cuisiner » et de « mettre sur le grill » un savant chercheur comme les journalistes politiques s’y exercent au service de la vérité. Les grandes revues de vulgarisation (Sciences, La recherche etc) reprennent de ce qui est majoritairement accepté par les hautes autorités et ne laissent que rarement place au doute, à la contestation. Tous les six mois elles publient leur dossier-marronnier sur Einstein ou la théorie du big bang sans jamais critiquer les faiblesses de la relativité ou les a priori indémontrables sur lesquels repose l'idée d'une création datée de l'univers.

C’est que curieusement, dans la science, ces médias ne recherchent ni le spectaculaire ni le tragique mais la sécurité, les solides certitudes et le rêve. La découverte scientifique fonctionne comme l’espace de conquête de l’homme qui y puise les arguments de sa grandeur compensant justement l’accablement que procure le négatif de l’actualité. Aussi, il serait de mauvais goût de diffuser les débats, doutes, remises en cause qui traversent aujourd’hui toute la physique et la cosmophysique. Il existe ainsi une liste de dissidents de renom qui contestent l’attribution systématique des crédits au profit des partisans du big bang sans que le grand public en ait eu connaissance. On découvre une multitude de théories alternatives qui s’opposent au dogme officiel mais le journaliste scientifique s’interdit d’en parler de crainte de froisser ses pourvoyeurs attitrés et de passer pour un agent de la dissidence. C’est que la physique d’aujourd’hui connait une grave crise de ses fondements et se trouve sans aucun doute à la veille d’une grande révolution peut-être plus conséquente que fut celle initiée par la relativité. De cette grande crise historique, le grand public n’en sait rien et il ne faut surtout pas qu’il sache. Le savoir sur les grandes théories physiques est ainsi solidement cadenassé d’un côté par la hiérarchie scientifique dominante, de l’autre par la quasi-totalité des médias grand public : le doute et l’esprit critique n’ont pas aujourd’hui droit de cité.