~d'après ~DENIS , de Maupassant
Un matin, M. Rambaud lisait la lettre Que venait de lui remettre Son valet, Denis. Il était écrit : Je recule devant le procès Dont vous m'avez menacé. Je vous adresse 50 000 francs Pour tout dédommagement. Dans la journée Denis a chantonné gaiement Tout en balayant, lavant et astiquant... M. Rambaud en est resté stupéfait.
Vers minuit, muni d'un grand couteau, Denis voulut égorger M. Rambaud ...Mais il ne réussit qu'à l'égratigner. Son maître ne dormait pas Il s'était dressé et renseigna ainsi son valet : -" Mon pauvre Denis, ne rêve pas ; ...Je n'ai pas encore reçu l'argent ! " Tout penaud, le serviteur se sauva ...Puis revint avec alcool et pansement. Il soigna son maître avec dévouement. -" Si vous ne me dénoncez pas, Je vous servirai toujours fidèlement. "
M. Rambaud, ne voyant pas malice, Garda Denis à son service. Or, huit jours après, À l'angle de la rue de Parme, M. Rambaud vit son valet encadré Par deux gendarmes. Denis lui lança : -" Vous m'avez dénoncé. Ce n'est pas bien, çà ! " -" Non, je n'ai parlé à quiconque. " Le brigadier eut alors un sursaut : -" Si je comprends, cet homme a donc Voulu vous tuer, monsieur Rambaud ? " -" Oui, mais je n'ai pas fait de déposition." -" Je prends note de votre déclaration Et la justice appréciera.
J'arrête votre serviteur Car c'est un voleur. Il a braconné Sur les terres de vos amis Murat. " Sur ce, Denis fût emmené. L'avocat plaida la folie mentale Nécessitant des soins à l'hôpital. M. Rambaud fut interrogé Par le Président : -" Pourquoi avez-vous protégé Ce dément ? " -" Voyez-vous,... il est si difficile Aujourd'hui de trouver un bon domestique..."
Denis fut placé dans un asile Et soigné pour troubles psychiques.