Je vous avais déjà présenté il y a quelques temps un classique réédité aux éditions ültim, Orgueil et préjugés de Jane Austen. Lorsque j'ai vu qu'ils avaient aussi réédité L'Etrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde de Robert Louis Stevenson, je me suis dit que c'était l'occasion de relire ce classique de la littérature anglaise que j'avais déjà lu il y a quasiment dix ans !
L'Etrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde est une nouvelle écrite par Robert Louis Stevenson en 1886 et dans laquelle l'auteur nous raconte l'histoire qui est arrivée à Henry Jekyll, un scientifique renommé dans la ville de Londres. Suite à la violente agression d'une fillette et au terrible meurtre d'un gentleman londonien, tout accuse un nomme qui se présente sous le nom de Mr Hyde. Au physique particulièrement hideux qui ne manque pas une seule fois de susciter une haine et une méfiance naturelle chez ses interlocuteurs, ce Mr Hyde semble malheureusement très lié au Docteur Jekyll, comme le remarquent deux des plus proches amis du scientifique : M. Utterson et M. Lanyon. Inquiets pour leur amis, les deux hommes vont mener l'enquête et essayer par tous les moyens de savoir pourquoi leur ami Jekyll semble si lié à l'homme qui a la pire réputation de Londres.
Cette histoire n'est plus à présenter, Dr Jekyll et Mr Hyde fait à mon sens partie des classiques dont tout le monde connaît l'histoire sans même l'avoir lue. C'est une très courte nouvelle (à peine plus de 100 pages) qui en très peu de mots aborde un sujet puissant et obscur : la frontière entre le bien et le mal. Quelle part de bien y a-t-il en nous, quelle part de mal ? Comment réussir à faire cohabiter ces deux parties de nous ? Ce sont les questions qui tiraillent certains protagonistes de l'histoire et qui ont changé la vie du Docteur Jekyll. Le « message » de cette histoire est assez clair puisqu'il nous rappelle de manière assez prévisible que la limite entre le bien et le mal est bien plus floue que ce que l'on pourrait penser, il abat ainsi les préjugés manichéens selon lesquels un individu serait soit bon soit mauvais.
Stevenson aborde ce thème prévisible et bateau sans originalité, mais de manière très agréable et plaisante et nous livre avec cette histoire une vraie « leçon pour écrire une nouvelle ». Tous les éléments sont réunis pur nous faire passer un excellent moment et pour rendre la chute finale d'autant plus excitante. L'atmosphère est incroyablement bien décrite, la ville de Londres est sans cesse en osmose avec l'angoisse que ressent le narrateur Utterson de telle sorte qu'elle en devient quasiment un personnage à part entière ! Différents personnages sont amenés à intervenir dans la nouvelle pour leur donner leur version et ainsi étoffer le mystère pour finalement le résoudre, quelques agressions et meurtres abominables mettent un peu de piment et font doucement frissonner le lecteur... Les ingrédients du succès d'une nouvelle sont là et marchent du tonnerre.
« Un vaste dais d'une teinte marron recouvrait le ciel, mais le vent ne cessait de harceler et de mettre en déroute ces bataillons de peurs. À mesure que le cab passait d'une rue à l'autre, M. Utterson voyait se succéder un nombre étonnant de teintes et d'intensités crépusculaires : ici il faisait noir comme à la fin de la soirée ; là c'était l'enveloppement d'un roux dense et livide, pareil à une étrange lueur d'incendie ; et ailleurs, pour un instant, le brouillard cessait tout à fait, et par une hagarde trouée le jour perçait entre les nuées floconneuses. Vu sous ces aspects changeants, le triste quartier de Soho, avec ses rues boueuses, ses passants mal vêtus, et ses réverbères qu'on n'avait pas éteinte ou qu'on avait rallumés pour combattre ce lugubre retour offensif des ténèbres, apparaissait, aux yeux du notaire, comme emprunté à une ville de cauchemar. » chapitre 4, p. 39-40
Peut-être est-ce parce que je l'ai lu récemment, j'ai beaucoup pensé au Horla pendant cette lecture ! Il faut avouer que le thème de la dualité de l'être humain est assez présents dans chacune de ces nouvelles et que le côté fantastique n'est pas non plus en reste !
Sans être un maître du thriller ou du polar, Stevenson manie donc le suspens avec justesse mais sans trop en faire. La réflexion philosophique et éthique reste ainsi au cœur de l'intrigue, bien plus que la résolution du mystère.
« Mais il n'avait pas achevé sa phrase, que le sourire s'éteignit sur son visage et fit place à une expression de terreur et de désespoir si affreuse qu'elle glaça jusqu'aux moelles les deux gentlemen d'en bas. Ils ne l'aperçurent d'ailleurs que dans un éclair, car la fenêtre se referma instantanément ; mais cet éclair avait suffi, et tournant es talons, ils sortirent de la cour sans prononcer un mot. Dans le même silence, ils remontèrent la petite rue ; et ce fut seulement à leur arrivée dans une grande artère voisine, où persistaient malgré le dimanche quelques traces d'animation, que M. Utterson se tourna enfin et regarda son compagnon. Tous deux étaient pâles, et leurs yeux reflétaient un effroi identique. » chapitre 7, p.61Sans surprise, j'ai bien aimé redécouvrir et relire cette nouvelle ! Ce n'est pas une des lectures qui m'a le plus transcendée cette année (loin de là) mais c'est un bon moyen de nous rappeler que les classiques ne sont ni fastidieux à lire ni compliqués à comprendre, et qu'il suffit souvent de peu d'efforts pour étoffer sa culture générale ! C'est certainement un livre à mettre entre toutes les mains : je ne vois pas qui il pourrait ennuyer. Avez-vous déjà lu L’Étrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde ? Qu'en avez-vous pensé ?
La ruelle est sombre, la silhouette furtive, l'homme pressé. Une fillette, par mégarde, le heurte. Et l'irréparable se produit : l'homme la jette à terre, la piétine et s'éloigne, sans cesser de sourire... Hélas, on ne compte plus à Londres les épouvantables crimes de l'étrange Mr Hyde. Étrange ? Plutôt diabolique, songe le brave notaire Utterson. Et quel sinistre lien unit son ami, le pauvre Dr Jekyll, à cet individu dont la seule vue fait frémir ? Car si jamais visage a porté l'empreinte de Satan, c'est bien celui de Mr Hyde...