Le social-libéralisme est-il un pétainisme...?

En ce 10 mai, et vous savez bien combien cette date a une saveur particulière pour la gauche, je salue le courage du PS et de la droite qui ont voté l'extension du travail dominical pour les disquaires et les libraires ! Formidable cette union nationale...

C'est une grande victoire pour la culture et le mieux vivre ensemble, non ? Heu, je plaisante, c'est au moins du troisième degré, comme quand Hollande, Valls et Cambadelis se prétendent de gauche. A propos, l'ami GdeC m'a informé de ce tweet du grand docteur Cambadélis :

L'auteur de « Glaive et bouclier » : Cambadélis et ses métaphores à l’eau de Vichy s'interroge :

« Etrange choix que cette image. Le numéro un du PS cherchait à décrire un partage des rôles entre un président protecteur le-glaive se préparant à Londres à frapper les Allemands et un Pétain-bouclier protégeant la France ? Les historiens ont fait litière de cette théorie vaseuse (...). »

Au pouvoir, le PS a l'habitude d'affirmer que ce serait pire avec la droite pour répondre aux mécontentements soulevés par sa politique. Il est vrai qu'avec la droite, on a la certitude que ce ne serait pas mieux, mais serait-ce vraiment pire ? Quand on analyse d'un œil objectif et neutre les lois votées sous Hollande, l'impression qui prédomine tient à la fois de la continuité politique et de l'absence de rupture sur le fond...

Aussi, le recours à cette image du glaive et du bouclier est, certes inconsciente, mais pertinente. En 1940, Pétain donnait l'illusion de protéger le pays alors qu'il le livrait à l'occupant, en s'adaptant ainsi par idéologie aux exigences des plus puissants. Depuis 30 ans, le PS veut donner cette illusion-là aux classes populaires et moyennes, alors qu'en l'espèce, il s'est lui aussi adapté à l'idéologie dominante néolibérale en menant une politique de régression sociale qui répond aux exigences de l'oligarchie.

Dans l'erreur de calcul, Régis Debray illustre ainsi ce pétainisme hollandais :

« Un gage de réussite, savoir s’adapter aux circonstances ? Ni la République ni la Résistance n’ont été des faits d’adaptation, et le socialisme encore moins. S’adapter, en 1940, c’était collaborer. Et on sait à quelle gare sont alors arrivés les gens pressés de »monter dans les trains qui partent », ce qui amène le plus souvent à se tromper de quai. »