Le programme inclut des animations, des visites guidées, des expositions hors les murs ... qui sont offertes pour la première fois et que vous repérerez sur le site dédié.
En tant qu'artiste invité, Jean-Michel Alberola a réalisé l'affiche de la manifestation à partir d'un cliché d'un lustre de l'ancien foyer du Beffroi, ce qui est particulièrement judicieux.
Il présente ses dernières oeuvres l'étage au-dessus du Salon proprement dit qui déploie le travail de 60 artistes émergents, qui bénéficient ici d'un tremplin reconnu au niveau européen.
Le processus de sélection reflète le paysage artistique contemporain. Cette découverte suscitera de nombreux coups de coeur. J'ai tenu à vous montrer l'essentiel des miennes ce qui a donné lieu à beaucoup de photos dont voici la première, qui demeure elle aussi dans la métaphore de la lumière avec une évocation du Roi Soleil.
La peinture de Raphaël Barontini est chargée de références. Marqué par la créolisation, son travail renvoie à la langue appartenant à une minorité dominante phagocytant une majorité dominée, dans une ambiance carnavalesque.
La spécificité du Salon de Montrouge :Il est rare de pouvoir clamer une aussi belle longévité et rester jeune et Jean-Loup Metton, le Maire de Montrouge a de quoi être fier. A quelques centaines de mètres de Montparnasse, le Salon est devenu au fil du temps un tremplin pour l'art contemporain, avec une focalisation spécifique sur la création émergente, toutes disciplines confondues, depuis une dizaine d'années en portant l'attention sur des talents quasi anonymes. Cette manifestation est de ce fait sans équivalent en France. On peut s'accorder qu'il a effectivement quelque chose d'ébouriffant, pour reprendre le mot du maire.
Un espace de découvertes :
Montrouge se targue, à juste titre, d'avoir révélé de grands artistes comme Hervé Di Rosa (1981) à l'âge de 22 ans et accéléré la carrière de nombreux, comme Carole Benzaken ou Théo Mercier (qui remporte un vif succès à la FIAC un an après Montrouge), Pascal Pinaud ou Philippe Cognée pour n'en citer que quelques-uns, sans parler de Jean-Michel Alberola qui y fut sélectionné trois ans de suite.
Le processus de sélection :Pour candidater aujourd'hui il faut satisfaire deux critères : être au début de sa carrière (ne pas avoir de galerie attitrée, ne pas avoir déjà présenté son travail à un large public) et avoir un lien fort avec la France qui peut être leur nationalité, leur lieu de résidence, leurs études, etc. Aucune exigence relative à la formation initiale ou l’âge des candidats n’est requise.
L'intégralité des 3000 candidatures reçues entre septembre et novembre a été examinée par Stéphane Corréard, Commissaire du Salon (expert, critique et collectionneur) et son adjoint Augustin Besnier. Ils ont présélectionnés 200 dossiers pour les soumettre à un Collège Critique qui est renouvelé chaque année aux deux-tiers, aucun membre ne pouvant y siéger à plus de deux reprises.
Les 17 membres ont réfléchi jusqu'en janvier pour se prononcer en faveur de 60 artistes. Ils ne se livrent pas à des votes mais suivent leur désir de s'impliquer chacun en faveur de un à six artistes qu'ils vont accompagner dans le choix des oeuvres qui seront exposées (et qui peuvent être créées après la sélection), et assister pour l'accrochage. Ce sont eux qui écriront les textes de présentation que l'on retrouve dans l'exposition sous forme de cartel mais aussi dans le catalogue (très bien conçu !) et sur Internet.
Les artistes sélectionnés composent une sorte d'échantillon représentatif, d'une part des 3000 candidatures, d'autre part de chacun des tendances et des courants qui semblent émerger en ce moment. Autrement Montrouge est "The place to be" pour les jeunes artistes.
Une manière d'exposer propre à Montrouge :C'est matali crasset qui scénographie l'espace depuis l'arrivée de Stéphane Corréard à la tête du Commissariat. Après le vert puis le jaune, l'an dernier, elle a choisi la couleur rouge pour célébrer le soixantième anniversaire.
On peut être jeune et/ou autodidacte :Le doyen a 61 ans et les benjamins ont 26 ans. François Malingrëy est l'un d'entre eux (qui remporte le Prix du Conseil départemental).
Les feuilles composent une mosaïque qui peut être marouflée sur une toile ou plus simplement épinglée, voire même patafixée. Cette dernière méthode permet à l'artiste de décrocher une oeuvre grand format, pour la transporter dans une simple chemise comme elle faisait sans doute avec les analyses économiques.
Chaque artiste entretient un lien très fort avec la France :Comme Karolina Krasouli, née à Athènes, et qui a étudié en France,. Ses enveloppes aquarellées évoquent Emily Dickinson. leur disposition sur un pan entier de mur est plutôt émouvante, surtout pour moi qui achève la lecture de Un roman anglais, dans lequel Stéphanie Hochet reprend quelques-uns des poèmes qu'elle écrivait sur des enveloppes.
Des black boxes pour les vidéastes :Elles sont alignées le long d'un mur pour leur permettre d'exposer leurs travaux à l'abri de la lumière. Et le spectateur-déambulateur passe du pictural au multimedia.
Le but n'est pas d'être consensuel mais de faire découvrir :Il serait aberrant que tous les visiteurs aiment tout. La mission est remplie si nous réussissons à faire découvrir 4 ou 5 artistes, m'a confié Augustin Besnier au cours d'une visite guidée très intéressante juste avant la proclamation des résultats.
En ce qui me concerne ils sont bien plus nombreux et je partage son opinion quand il affirme que tous méritaient d'être primés. Je n'ai pas l'ambition d'être exhaustive dans mon compte-rendu mais de vous livrer une palette suffisamment large pour vous donner envie de vous déplacer. Car rien ne vaut la confrontation grandeur nature.
Je m'étais amusée à recenser les artistes qui m'attiraient en effectuant un petit tour du Salon avant d'entendre les explications d'Augustin pour ne subir aucune influence et il s'avère que j'avais photographié plus de la moitié des lauréats, ce qui ne signifie pas grand chose ... si ce n'est une certaine inclinaison pour l'art contemporain.
Sa danse est magnifique et la captation (intitulée Udrivinmecraz) qui a été réalisée ne laisse rien transparaitre de l'oxymore entre la superficialité de son clinquant bouclier et la condition humaine des vendeurs à la sauvette. Les inégalités font mal comme il s'est d'ailleurs blessé au cours de la performance.
Une exposition au Palais de Tokyo à l'automne pour les premiers lauréats :Outre François Malingrëy, William Boehl et Marion Bataillard, un quatrième artiste bénéficiera d’une exposition dans le cadre des Modules - Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent du Palais de Tokyo.
Juste à coté, la peau d'ours à la pointe de graphite sur un canapé à motif floral de Marion Benard interpelle. Le papier peint est un objet récurrent de son travail, comme élément souvent perturbateur entre le mur et les objets domestiques et autres meubles qu'elle recouvre de la peinture verte utilisée sur les plateaux télé pour réaliser des incrustations d'images, et donc disparaitre ...
Etre refusé n'est pas une fin en soi :
Marion Bataillard en sait quelque chose puisqu'elle a fait acte de candidature quatre ans de suite.
Un invité d'honneur particulier :Il y eut Fernand léger, Jean Lurçat, Picasso ou Bourdelle, toujours un artiste majeur du XX° siècle, voici Jean-Michel Alberola qui d'ailleurs connait si bien les murs qu'il n'a sans doute pas longtemps hésité dans le choix de l'affiche.
Né en 1953 à Saïda en Algérie il a exposé au Salon en 1981, 1982 (date de sa première exposition aux ateliers de l’ARC, musée d’Art moderne de la Ville de Paris) et 1983. La même année, il présente sa première exposition personnelle à la Galerie Daniel Templon de Paris – qui le représente depuis plus de 30 ans. Il enseigne à l’Ecole des Beaux-arts de Paris depuis 1991. Le Palais de Tokyo lui consacrera une grande exposition personnelle en 2016.
A la fois peintre, sculpteur, cinéaste et créateur de livres et d’objets, il associe la pratique artistique, l’écriture et la parole : "Le peuple écrit sur les murs et les artistes ennuient le peuple (…). Pourtant les artistes voudraient encore être des guides et montrer les chemins de traverse afin de ne jamais cesser d’être en éveil, d’être subversifs. "
J'avais approché les oeuvres de cet artiste au cours d'une rétrospective que le Musée des Beaux-Arts de Nancy lui avait consacré en février 2009. J'en ai rendu copte dans un long article qui décrit sa démarche.
Il ne faut pas manquer enfin de se laisser absorber par l'immense fresque de Moebius, autre enfant du pays, permanente sur le mur du foyer-bar.
Ouvert tous les jours de 12 à 19 heures
Le Beffroi, 2 place Emile Cresp
92120 Montrouge