Il était Lightnin' Guy depuis une dizaine d'années, sous ce nom d'artiste il a sorti sept albums, il redevient Guy Verlinde uit Aartrijke, grave un huitième recueil, 'Better days ahead', et tourne pour promouvoir l'objet.
Une escale à l'AB Club.
On s'y rend avec JP, qui malgré son patronyme ne touche pas au Bourbon, ça ne veut rien dire, ta carte d'identité mentionne que tu es preux, en remplaçant le pr par gu, on est plus proche de la vérité.
Pas la peine d'essayer d'inventorier le nombre de concerts de Guy Verlinde auxquels tu as assisté, tu n'as que dix doigts.
Guy sourit en contemplant la foule, petit laïus introductif bilingue, un clin d'oeil vers trois ou quatre groupies, son band, des caïmans bruts, se colle près d'un mur car le frontman décide d'entamer le récital en la jouant cavalier seul.
Don't you mind people grinnin' in your face,
Don't mind people grinnin' in your face..
Comme Son House, il y a des siècles, Guy s'attaque à 'Grinnin' in your face' a capella, le Club, époustouflé, bat des mains.
Après des années sur les routes, le timbre du hardest working performer within the Belgian blues scene ( timbre qu'il doit ménager, d'ailleurs) a acquis toute la maturité requise pour interpréter les monuments.
Il ramasse une resonator, toujours esseulé, il choisit d'interpréter 'Don't you cry', une plage illustrant 'Blood for Kali', un gospel chantant le sort sinistre des boat people.
'Blood for Kali' date de 2012, trois ans plus tard, aucune amélioration, la situation s'est aggravée.
Please, welcome The Mighty Gators, des sauriens vaillants ayant fait leur preuve et secondant le flamboyant Flandrien depuis belle lurette, aux drums, le plus fidèle, Monsieur Thierry Stiévenart, un Cubain voisin de feu Claudy Criquielion - à la basse, Karl Zosel un Germain se cachant à Sint-Niklaas, und à la lead guitar, le préféré des jeunes filles en fleurs et des matrones, Toon Vlerick.
Un premier extrait du bébé, on commence par le laidback 'Sacred Ground'.
Toon caresse son jouet à l'ebow, Guy nous la joue en douceur et s'éloigne insensiblement de l'univers purement bluesy pour atterrir dans un americana pouvant lui amener de nouveaux fans.
Un kazoo décore 'Heaven inside my head' , une première note d'optimisme après une entrée en matière sombre et profonde.
Je paraphrase le grand Louis en insérant What a wonderful world' dans mes lyrics.
A la slide, le gluant 'Feel alive' déménage autant que 'Brown Sugar' des Stones et comme le feu était vert on continue sur la lancée avec le remuant alt. rock ' Into the light' , la wah wah agressive venant chatouiller nos entrailles.
Quoi, Didi?
C'est bon, je te le fais pas dire, fieu!
Guy ne suit pas la playlist à la lettre, il embraye sur un titre mélodieux datant des Banana Peel Sessions, 'No time to waste', permettant la mise en valeur du doué Toon Vlerick.
'Call on me' is a song about friendship, à rapprocher de 'You've got a friend' composé par Carole King ou de 'Lean on me' de Bill Withers.
Souvenirs de jeunesse, Aartrijke, 52 m au dessus du niveau de la mer, on a vérifié, Guy, 22 tout au plus, donc tes exploits à la Lucien Van Impe c'est bidon, fermons la parenthèse, chante ton downtempo nostalgique, 'Inhale my world'.
Avec 'Wild nights' , une première plage pendant laquelle il manie l'harmonica, on plonge dans une sphère voodoo tandis que le blues 'Learnin' how to love you' décrit les vaines tentatives de l'homme bien intentionné pour plaire à madame.
Je fais ce que je peux, bébé...
Jeanne l'attendait impatiemment, le slow blues qui remue les tripes, 'Me and my blues' qui sent le vécu à plein nez, déclenchera des cris admiratifs.
Dédié à Monsieur Marino Noppe, son mentor que tu as vu accompagner Guy lors d'un concert de Johnny Winter à Lessines, voici le formidable, vicieux et corrompu 'Mr Maxwell Street'.
Vas-y, Thierry, attaque: un cheval de bataille de la clique, échappé des Cascade Stable à la New-Orleans et servi à la sauce cajun/ zydeco ,'Bon ton Roulet'.
110' pour finir en ambiance mardi-gras.
Revenez gueulent les meufs et leurs gamines.
Pour éviter l'émeute, Guy reprend sa guitare, les copains le suivent, allez, nog eentje, de titletrack de la dernière livraison, 'Better days ahead', un Southern rock des Polders.
Prochaines dates: le 11 Ruiselede, le 13 De Roma ( Borgerhout) puis une étape parisienne, trois jours au Méridien.
photos: JP Daniels - Concert Monkey