Les bases azotées, ces composés essentiels de l’ADN ont été au nombre de 4 (adénine, cytosine, guanine et thymine), puis 5 avec la cytosine méthylée, à l’origine de modifications épigénétiques. Ces chercheurs de Barcelone en suggèrent une 6ème, la méthyl-adénine (mA) ou adénine méthylée, également impliquée dans l’épigénome. Documentée dans la revue Cell à travers les études du génome d’algues, de vers et de mouches, cette 6è base pourrait aussi entrer dans la composition de l’ADN humain.
L’ADN (acide désoxyribonucléique) est le principal composant de notre matériel génétique. Il est formé en combinant quatre bases azotées, A, C, G et T (pour adénine, cytosine, guanine et thymine), qui se combinent en des milliers de séquences possibles qui aboutissent à la variabilité génétique.
Au début des années 80, à ces 4 bases "classiques" de l’ADN a été ajoutée une cinquième base, la cytosine méthylée, dérivée de la cytosine et reconnue ensuite comme la principale cause de modifications épigénétiques. La cytosine (C) est en effet la seule base pouvant être méthylée dans l’ADN, ce qui a pour effet une modification épigénétique.
Le chercheur explique, dans un communiqué de son Institut : » On sait, depuis des années, que les bactéries, les organismes vivants évolutifs très éloignés de nous, avaient » mA » dans leur génome qui leur apportait une fonction de protection contre l’insertion de matériel génétique provenant d’autres organismes. On pensait que c’était un phénomène statique et réservé aux cellules primitives « .
Cependant, des cellules plus complexes, comme les eucaryotes du corps humain, pourraient présenter également cette sixième base de l’ADN. Ce serait déjà le cas chez les algues, les vers et les mouches (Schéma ci-contre) chez qui mA semble réguler l’expression de certains gènes, apportant ainsi sa marque épigénétique. Enfin, mA jouerait un rôle spécifique dans les cellules souches et dans les cellules aux tout premiers stades de développement.
Ces conclusions issues de recherches utilisant de nouvelles méthodes d’analyse ultra-sensibles, permettant de détecter les niveaux extrêmement faibles de mA dans les génomes, ne sont à ce stade, et selon les auteurs eux-mêmes, que des hypothèses à confirmer, en particulier chez les mammifères, dont nous autres humains. Ensuite, il s’agira de bien comprendre quel est le rôle de cette 6ème base d’ADN.
Source: Cell 2015 DOI: 10.1016/j.cell.2015.04.021 An Adenine Code for DNA: A Second Life for N6-Methyladenine (Vignette » Methyl-Adenine 3D structure « @IDIBELL)
Et,
N6-Methyldeoxyadenosine Marks Active Transcription Start Sites in Chlamydomonas
DNA Methylation on N6-Adenine in C. elegans
N6-Methyladenine DNA Modification in Drosophila