Le ministre des Affaires étrangères saoudien Adel Al-Joubeir, dont le
pays dirige une coalition militaire arabe contre les rebelles chiites
houthis au Yémen, a annoncé vendredi qu’un cessez-le-feu de cinq jours
entrerait en vigueur le 12 mai dans ce pays, à condition que les
rebelles le respectent.
«Nous avons décidé que le cessez-le-feu commencerait mardi 12 mai à
23h locales et durerait cinq jours, renouvelable s’il est respecté»,
a déclaré M. Al Joubeir lors d’une conférence de presse avec le
secrétaire d’État américain John Kerry, à l’issue d’une rencontre à
Paris entre ce dernier et les ministres des Affaires étrangères des
monarchies du Golfe.
Il a cependant précisé que le cessez-le-feu ne serait mis en œuvre que
si les rebelles houthis et ceux qui les soutiennent s’engageaient à le
respecter.
«Cela dépend entièrement des Houthis et de leurs alliés. Le cessez-le-feu s’arrêtera s’ils ne respectent pas l’accord», a déclaré le ministre, estimant que la proposition saoudienne constituait «une chance pour les houthis de montrer qu’ils ont à cœur les intérêts de leur population et du Yémen».
L’Arabie saoudite et ses alliés arabes ont lancé le 26 mars une campagne
aérienne sur le Yémen pour empêcher les rebelles chiites soutenus par
l’Iran de prendre le contrôle de l’ensemble du pays.
Cette opération a fait plus de 1400 morts et des milliers de blessés, en majorité des civils, selon l’ONU.
«Il s’agit clairement d’un moment important», a jugé John Kerry, estimant qu’il y avait «des indications» que les Houthis acceptent le cessez-le-feu. «Nous espérons qu’ils l’accepteront, nous avons eu des indications, mais pas de certitude», a-t-il dit.
La rencontre de Paris entre M. Kerry et ses homologues des six pays du
Conseil de coopération du Golfe (CCG, Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats
arabes unis, Koweït, Oman et Qatar), a permis de «compléter un peu les détails» d’un cessez-le-feu, a-t-il expliqué.
«Nous savons maintenant avec certitude que mardi à 23h locales au
Yémen, un cessez-le-feu sera établi dans tout le pays, à condition que
les Houthis acceptent qu’il n’y ait ni bombardement, ni tirs, ni
mouvements de troupes ou de manœuvre pour se repositionner, ni aucun
déplacement d’armes lourdes. C’est un engagement renouvelable», a insisté M. Kerry.
Il a souligné que la date du 12 mai avait été choisie par l’Arabie
saoudite et son allié américain afin de donner le temps aux Houthis «de faire passer le message» à leurs combattants sur le terrain.
«Ce n’est pas difficile si vous faites passer le message et donnez des ordres stricts à vos hommes», a plaidé le secrétaire d’État, impliqué depuis plusieurs jours dans la recherche d’un cessez-le-feu et d’une «pause humanitaire» au Yémen.
Mais «un cessez-le-feu n’est pas la paix, au final, les belligérants
vont devoir trouver un moyen de s’asseoir à la table des négociations», a-t-il ajouté, répétant que «seule une solution politique par les Yéménites et pour les Yéménites peut mettre un terme à la crise».
Sans les citer, John Kerry a également «encouragé» l’Iran et la Russie, «pays qui ont le plus d’influence» sur les rebelles houthis à les «pousser» à accepter les termes d’une trêve. Il a assuré que les États-Unis seraient en contact avec Moscou et Téhéran à cette fin.
Source : LeDevoir