Peut-être avais-je oublié comment faire. Peut-être avais-je tout simplement oublié de faire, peut-être avais-je oublié comment simplement être, depuis toutes ces années -heureuses- à être pour eux.
Depuis quelques mois, je me prépare. Je fais le chemin à l’envers, le chemin vers la source, le chemin vers moi. A la recherche de mon corps et de mon âme, mûris par les années, apaisés. Différents, sans doute, je ne sais plus. Cela n’a pas d’importance. Ces kilomètres de sentiers que je cours ne me mèneront pas vers mes vingt ans, et je ne le regrette pas. Ils m’emmènent doucement vers l’harmonie entre mon corps et mon esprit. Celle que j’ai pris la résolution d’atteindre avant le grand jour.
Je suis prête. Je suis prête, dix jours avant, sereine, pressée presque de pouvoir dire « j’ai quarante ans« . Mais avant, comme un baroud d’honneur, un pas de côté, une pirouette qui fait tourner mes jupes au feu de la Saint-Jean, aller voir la mer encore une fois de mes trente ans. On devrait toujours aller voir la mer une fois par an, laver son âme au gré des vagues et laisser déborder son trop plein d’eau salée pour ne pas qu’il nous surprenne à marée basse. Une vague après l’autre, comme un pas devant l’autre, toujours avancer, ne jamais renoncer. Demain est un autre jour, une nouvelle décennie comme une nouvelle page blanche à inventer. J’ai hâte.
J’avais oublié comment faire, mais je pars voir la mer en solitaire. Nous avons tant de choses à nous dire, tant de promesses à nous faire.