Blandin&Delloye : A la mesure des hommes

Publié le 08 mai 2015 par Tribway @Tribway

C’est une adresse que l’on se recommande lorsque la confiance n’est pas altérée. A mesure que l’on approche, Paris éloigne les foules. A cette heure – ci, les petites rues sont promises aux livreurs. Il suinte encore sur le zinc lorsque Charles ouvre la porte. L’entretien débute en 3 pièces, gilet et costume croisé. « On est toujours reçu seul » confie son acolyte Cédric. Si les confidences auront lieu en sous – sol, ce combat pour l’élégance des hommes se fait bien à l’étage. « On commence toujours par un accueil dans la partie salon. ». Là où bat le cuir. Autour d’un café ou d’un verre de The Balvenie.

 « Le sur – mesure c’est un club ! », insiste Cédric.

La première des règles privilégie la découverte

« Ce premier rendez -vous n’est pas indispensable mais nécessaire. Surtout pour un futur marié.» Comprendre la démarche et travailler sur le gabarit. On montre, on échange et on trace autour du corps 15 points. Tant la prise en compte des altérations est essentielle à la réalisation du patronage. Une longue heure à prendre le pouls du confort de l’homme. Car depuis qu’ils ont commencé, les Blandin & Delloye maintiennent à flot cette volonté de prendre le temps.

La seconde des règles convie à la patience

Il faudra ainsi compter 5 semaines pour la confection d’un costume. Qu’importe.

« Il y a aujourd’hui un vrai plaisir pour les hommes de s’habiller. Ils posent beaucoup de questions. Notre volonté de pédagogie est surtout dans la transparence. Les hommes en sont friands. » 

Pour le printemps qui s’invite, on privilégiera ainsi une veste en coton un peu décalé et qui viendra élancer la silhouette. Un mix lin, soie et laine. L’élégance semble prendre beaucoup de plaisir à se donner rendez – vous chez Blandin & Delloye. Souliers bi – colore en cuir de veau. Cravate « slim » en soie rose. Boutons de manchette en plaqué argent

 « L’ADN de la marque est ici. Des produits de qualité mais accessibles ».

Pourtant rien ne prédestinait ses anciens élèves de l’ISTEC à privilégier à la confection de costumes. « Ni Charles, ni moi ne venons du textile. Le projet est né il y a 4 ans lors d’un voyage en Asie ».

La troisième des règles invite à l’écoute

 « C’est un vieux métier. C’est complètement juste comme interrogation. Il a donc fallu être soutenu par plusieurs personnes d’expérience. Ce sont des personnes qui aiment beaucoup transmettre dès qu’on écoute »

Une poignée d’années auront donc suffit à Blandin & Delloye pour travailler avec les plus grands tisseurs comme Vitale Barberis Canonico. L’italien de 400 d’âge. Holland & Cherry d’inspiration british ou encore le très chic Loro Piana.

En regagnant la lumière de l’étage, le dernier client est parti. Charles remet de l’ordre dans l’alignement des Derbys qui brillent à l’entrée. On profite du salon. On croise les jambes dans un cuir qui nous aspire et nous étouffe. Et lorsque l’on se réveillera, il y aura forcément quelque chose de différent. Sterling Cooper aura ouvert une filiale face à la vitrine du 9 de la rue Palestro. Certes, la rue reprendra son flot de passants mais dans les reflets des vitrines et dans les yeux des autres quelque chose aura changé. La dernière des règles s’imposera à nous. Nous ne serons plus des hommes. Nous serons devenus des gentlemen.