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Les partisans du projet ont redit leur credo hier à Bordeaux. Mais ils n’ont que croisé les opposants.
© Photo Thierry David/Sud OuestDémocratie participative contre démocratie représentative. Même si le bras de fer qui oppose depuis des années détracteurs et partisans du prolongement, à compter de 2017, de la ligne à grande vitesse vers Toulouse et vers Dax n'a pas donné lieu hier matin à une explication franche et directe, la manifestation qui s'est tenue à Bordeaux fut riche d'enseignements : « Ce débat est le reflet des aspirations contradictoires de notre société », a résumé Michel Veunac, le maire de Biarritz.À l'intérieur d'un hôtel de région dont les accès étaient bloqués par les forces de l'ordre : plus de 250 élus, syndicalistes, chefs d'entreprise et autres acteurs. Ceux qui sont aux manettes, comme l'on dit. Ils ont répondu favorablement à l'appel d'Alain Rousset, président de la Région Aquitaine, à ce forum « La LGV, j'y vais ! », dont l'objectif était de battre le rappel de celles et ceux qui appellent de leurs vœux la construction de la ligne nouvelle.
L'appel à la SNCF
À l'extérieur : une centaine d'anti-LGV, venus du Sud-Gironde surtout, mais aussi de Lot-et-Garonne, pour rappeler leur opposition à ce projet. Des manifestants enhardis par le récent avis défavorable de la commission d'enquête publique rendu le 27 mars dernier, et qui considéraient la réunion de Bordeaux comme un détournement de la démocratie participative. « Quand un avis favorable est émis sur un projet que nous soutenons, on nous demande de nous incliner. Et, dans ce cas précis, où les conclusions de l'enquête publique sont défavorables, on nous demande une fois de plus de nous incliner », explique Denise Cassou, porte-parole du collectif Vigilance LGV 33, le foyer le plus opposé peut-être à ce grand projet d'infrastructure. « 9 milliards pour onze minutes de gain de temps », regrette Max Guichard, élu de Cenon, ceint de son écharpe tricolore. « 93 % des 10 000 avis émis pendant l'enquête étaient défavorables au projet », soupire Philippe Barbedienne, directeur de la Sepanso, féderation régionale des associations de défense de l'environnement.À l'intérieur, les discours étaient évidemment d'une autre teneur. Jean-Luc Moudenc, le maire UMP de Toulouse, et Martin Malvy, le président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, avaient fait le déplacement, tout comme Marian Elorza, la secrétaire générale du gouvernement basque. « Les opposants ne nous ont toujours pas dit comment on faisait rouler les TER, les LGV et les trains de fret sur la même ligne, qui date du XIXe siècle », a indiqué Alain Rousset, qui demande une tierce expertise de la part de SNCF Réseau (ex-Réseau ferré de France) et qui a appelé la SNCF à être « plus enthousiaste, plus convaincante et plus explicite » sur ce projet. Il a redit sa conviction que cette ligne à grande vitesse répondait à un formidable besoin de mobilité, « aux antipodes du sentiment de repli sur soi exprimé par les opposants ».Martin Malvy, son partenaire de premier rang dans cette aventure parfois aux allures de chemin de croix, a dit sa conviction que le Grand Sud-Ouest ne pouvait rester à l'écart de la grande vitesse ferroviaire, qui se développe en Europe et dans le monde. « La LGV vers Toulouse, c'est 2 à 3 millions de voyageurs de plus par an, soit au moins 350 millions d'euros de recettes supplémentaires », a vanté le président de la Région Midi-Pyrénées, confiant dans les décisions gouvernementales à venir.
Projet européen
Le maire de Toulouse a parlé du devoir d'« élu responsable de préparer l'avenir, loin des visions à court terme trop souvent catastrophistes ». Prenant de la hauteur, Marian Elorza, la représentante du gouvernement basque, a précisé que « les 2 000 kilomètres de LGV dont il est question dans le quart sud-ouest de l'Europe concernent 80 millions d'habitants, dix régions et trois pays, soit au total 40 % du PIB de l'Union européenne ». Alain Juppé, absent hier, a fait passer un message indiquant son total soutien à « La LGV, j'y vais ! ». Le témoignage du maire de Biarritz a fait mouche : « Nous perdons une trentaine d'événements et de congrès par an face à la concurrence, car on nous dit que notre avion est trop cher, et notre train trop lent », a-t-il expliqué.Personne n'a émis de propositions précises quant au financement de la ligne, soit 9 milliards d'euros pour aller de Bordeaux à Toulouse et Dax, près de 11 milliards jusqu'à Hendaye. « Ils ne les trouveront jamais », est persuadé Pierre Hurmic, élu écologiste bordelais. « Nous ferons des propositions concrètes à Toulouse au mois de février prochain », a indiqué Jean-Louis Chauzy, le président du Conseil économique, social et environnemental régional de Midi-Pyrénées. La riposte engagée hier se devra alors d'être aussi convaincante sur le volet financier du projet. Mais demain est un autre jour.
Publié le 08/05/2015
par Jean-Bernard Gilleshttp://www.sudouest.fr/2015/05/08/lgv-la-riposte-des-decideurs-1914754-2780.php