Un film de Claude Lelouch (2014 - France) avec Sandrine Bonnaire, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Irène Jacob, Pauline Lefèvre, Sarah Kazémy, Valérie Kaprisky, Jenna Thiam, Rufus, Agnès Soral
Joli.
L'histoire : Jacques est un célèbre photographe, ancien reporter de guerre, vieillissant. Il visite un somptueux chalet au pied du Mont-Blanc, pour lequel il a un vrai coup de foudre. Il se voit bien y finir sa vie tranquillement, au milieu de la nature. Mais sa femme, urbaine et chic, ne veut pas s'enterrer là ! Alors il lui dit qu'elle n'a qu'à le quitter, lui il reste, il veut ce chalet. Et il tombe amoureux de son agente immobilier, Nathalie. Arrivent pour le week-end son meilleur ami et son épouse. Il ne manque plus qu'à son bonheur ses filles. Il les a eues de mères différentes, il s'est peu occupé d'elles et elles lui en veulent beaucoup. Il a beau téléphoner sans cesse pour leur dire à chacune de venir visiter son beau chalet, toutes inventent mille prétextes pour se défiler. Le voyant sincèrement attristé, son ami appelle alors les filles et leur fait croire que leur père n'a plus que quelques semaines à vivre... Voilà le quator qui débarque, à la grande joie de Jacques, qui n'est pas au courant qu'il est "gravement malade"...
Mon avis : Moi, j'aime Claude Lelouch. Et je comprend mal tous les bides qu'il se prend ! Peu importe, ça fait longtemps que j'ai envie de m'acheter sa filmo complète et il va falloir que je m'y mette avant mes 90 ans tout de même (j'ai encore un petit peu de marge). Je n'ai pas du tout été déçue par ce dernier opus ; je craignais un peu, à cause de la présence de notre Jojo national... mais celui-ci s'en sort extrêmement bien !
C'est une jolie histoire, de paternité, d'amour, d'amitié. Photo de groupe, photo de famille, Lelouch adore ça. Ses images sont superbes, précises, nettes, cadrées, la nature intervient pour une large part dans l'histoire : la montage l'hiver, l'été, l'aigle américain (de son vrai nom pygargue à tête blanche que, sauf erreur, on ne trouve qu'en Amérique du Nord... bizarre), qui vit près du chalet, le chien, le chat, le renard furtif... Lelouch filme tout aussi magnifiquement les visages, j'ai même trouvé Jojo beau ! Parce que je ne suis pas trop fan, voyez-vous ; chanteur incroyable, invraisemblable, mais pas du tout mon genre d'homme ! Et bien Lelouch, qui doit bien le connaître, le sublime, le magnifie, l'éclaire à chaque fois exactement où il faut, comme il faut, pour mettre en valeur tout ce qu'il peut y avoir de charmant en lui ! Laeticia devait être fière de son homme...
L'histoire n'est pas extraordinairement originale, mais elle n'en est pas moins touchante, d'autant que, si l'on connaît, le réalisateur, il a dû beaucoup mettre de sa propre vie, lui qui a eu un tas de gamins avec des femmes différentes. Ce qui est aussi le cas de Johnny dans la vie : ses deux aînés avouent ne pas l'avoir vu beaucoup... Pour les deux hommes, cela a dû remuer des choses douloureuses. Les filles accusent leur père de n'avoir jamais été présent pour elles, mais au final l'affection qui les lie tous se confirme dans ce week-end familial. Banal donc, mais si bien raconté.
Amusant, le prénoms des filles, Printemps, Eté, Automne, Hiver ! Elles sont furieuses après leurs parents de leur avoir collé pareille calamité à trimballer ! Perso, je trouve ça plutôt rigolo. Why not ? Si l'on n'écoute que la tonalité des mots, ça sonne joliment, et puis c'est si évocateur, les saisons...
Bien passons à l'affaire qui fâche. Je vais essayer de ne pas spoiler. Aux 3/4 du film, il se passe une chose qui m'a paru très incongrue. D'autant que cinq minutes plus tard, elle est finalement décrite comme différente de ce que l'on croyait. Et c'est toujours aussi étrange. C'est totalement inutile, ça casse l'ambiance, ça casse le film. Après j'ai eu du mal à m'en remettre, je me posais un tas de questions et la fin du film m'a du coup semblé faite uniquement d'un remplissage répétitif et un peu mièvre.
Je ne comprends pas ce que Lelouch a voulu faire. Spoiler. Faut-il y voir un message (mais il est bien trop brutal) : les méchants ne sont pas ceux qu'on croit. Le papa accusé de tous les maux a un coeur d'or ; les gentils courtisans sont en réalité très vils. A-t-il simplement souhaité inviter le drame, pour faire genre, dans ce moment qui s'annonçait comme des retrouvailles trop belles pour être vraies ? Fin du spoiler. Pas pigé. Trop invraisemblable. Je n'ai pas aimé.
Je crois que Lelouch l'a en fait joué encore trop long (2h05) ; c'est souvent ça qui pèche chez lui. Il a rajouté cette scène pour mettre un peu de piment, mais on n'en avait pas besoin. On n'est pas obligé de manger épicé tous les jours.
Néanmoins, voilà encore un film que j'ai beaucoup apprécié. Nous avons en France des réalisateurs de grand talent, ne l'oublions pas.
Le film a eu globalement de bonnes critiques. Les plus exigeants déplorent, comme moi, l'épisode "polar" de la fin tout à fait saugrenu. Il y a aussi quelques très méchants qui traitent carrément Lelouch de gâteux...
Jolie bande son, Louis Amstrong, Ella Fitzgerald, qui donne un petit côté Woody Allen au film, francisé avec du Moustaki ! Pourquoi pas. Ca passe très bien.
Reste une énigme : pourquoi cet aigle américain ? Un pote à Jojo peut-être...