Après l’extrême droite qui a imposé la mobilisation des UMP, PS and Co pour le même candidat, le centre révolutionne le second tour, obligeant chacun des deux prétendants à l’intégrer à sa stratégie de conquête d’un électorat élargi.
Pour Nicolas Sarkozy, la volonté affichée de passer par-dessus les bouclettes de François Bayrou pour redynamiser le vote pavlovien de ses électeurs historiques. Ses coulisses, elles, grondent du « débauchage » frénétique des élus UDF inquiets pour leur devenir politique. Bien sûr, ces ralliements opportunistes répondent à des convictions indubitables…
La posture de Bayrou exhale un petit quelque chose de plus digne que les déserteurs de la dernière heure, même si, là aussi, l'ambition personnelle explique ses coups de billard à trois bandes.
Passionnante campagne qui éclaire la valeur de chacun empêtré entre ses convictions et les nécessités du jeu démocratique.
Le grand débat final du 2 mai ne fera pas oublier l’urticante petite finale du 28 avril sur BFM TV. Pour résumer le double objectif du français François : démontrer que de forts points de convergence existent avec Madame Royal pour rendre incontournable la nouvelle place de Bayrou comme leader, de fait, d’une opposition au pouvoir sarkozyste. Cela suppose aussi, comme finalité consubstantielle, de ne pas renforcer la candidate pour qu’elle s’essouffle en vue du 2 mai et sa grand messe contradictoire sur écran plat. Machiavélisme naturel pour toute personnalité qui veut parvenir au pouvoir hexagonal suprême.
Les performances rhétoriques de Royal et Sarkozy penche, sans
Le ressenti, la subjectivité laissent poindre en soi quelques impressions, au-delà des programmes respectifs. Le candidat Sarkozy révèle un plus grand enthousiasme, déroulant un discours aux intonations plus captatrices. A l’inverse, prestation d’une Royal tétanisée à la monotonie jospiniste. D’un côté, que l’on partage ou non son argumentaire, une volonté presque instinctive de convaincre, de séduire, d’aller au bout de son schéma, de l’autre, une rhétorique mécanique, sans flamme, sans saillance lumineuse…
Sans doute chacun peut avoir une équipe gouvernementale solide, compétente et prête au dépassement d’elle-même pour appliquer le programme de l’élu-e. On ne peut pourtant pas occulter que la Ve propulse à la maîtrise du pays une personne qui doit, au minimum, apparaître crédible intrinsèquement.
Pour achever dans la nécessaire auto-critique : pas si rasante que ça cette campagne au sang neuf. Et d’épiques empoignades et rebondissements en perspective…