Tiens, on apprend que Sarkozy a convoqué les créanciers de l’UMP, lourdement déficitaire, et qu’il leur a pondu un ultimatum : ou bien le parti les rembourse seulement à partir de 2017, ou bien il met la clef sous la porte. Étonnamment, les banquiers n’ont pas éclaté de rire.
Et même si on ne sait pas encore leur réponse, les savoir en train d’étudier un tel marché en dit long sur celui qui a vraiment la main ici. En effet, les termes de ce marché ne laissent qu’assez peu de marge de manœuvre : ou bien transiger comme le propose Sarkozy, ou bien se prendre une perte sèche et, surtout, suite à une faillite retentissante de l’UMP, se mettre à dos tous les politiciens de droite du pays. Ce qui, lorsqu’on tient les quatre principaux établissements bancaires de France, signifie à coup sûr un avenir douloureux au moindre retour en grâce de ces élus.
Devant ce tableau rempli des très mauvaises surprises (depuis l’inflation en passant par les taux d’intérêts négatifs, la guerre larvée contre le cash, la lutte ouverte contre l’or comme étalon et le rabotage systématique de l’épargne), chaque citoyen soucieux de conserver son capital à l’abri des griffes étatiques ne peut qu’accorder une grande importance à toute diminution, même petite, du pouvoir de nuisance de l’État dans le domaine bancaire.
Et ça tombe bien, un profond changement se met, doucement mais sûrement, en place, qui permettra justement d’affranchir le citoyen de la férule étatique dans le monde bancaire. Ce changement paradigmatique prend sa source dans l’actuelle révolution numérique. Cette dernière modifie de façon profonde, essentielle, la façon dont nous nous organisons pour mener nos affaires, établir des liens avec les autres, qu’ils soient amicaux ou commerciaux, et notamment parce qu’elle a donné à un nombre toujours croissant d’individus la possibilité de se rassembler, aux idées et aux informations de se diffuser plus rapidement et plus efficacement.
Cette révolution a déjà poussé plus ou moins violemment des pans entiers d’industrie vers l’obsolescence. Le domaine bancaire n’y échappera pas non plus et ce, d’autant plus que les banques opèrent globalement selon les mêmes principes que lorsqu’elles sont nées, à la fin du Moyen-Âge en Italie, et qu’elles n’ont évolué qu’en technicité et pas en nature. Bien sûr, elles ont toutes un joli site web, un peu d’online-banking, et leurs plates-formes de trading travaillent à l’échelle de la milliseconde. Mais cela n’est qu’une pure transposition électronique de procédés qui se pratiquaient, auparavant, de façon manuelle, sur papier, par courrier, à la criée…
En définitive, le cœur des banques bat toujours au rythme des siècles passés, elles sont toujours les mêmes institutions qui prennent l’argent des déposants, font des prêts et des investissements plus ou moins judicieux en gardant des marges de sécurité de plus en plus fines et finissent par pleurnicher dans les jupons de l’État lorsque tout part en sucette.
Sauf qu’aujourd’hui, grâce à la révolution numérique, chacune des fonctions qu’une banque remplit actuellement peut être faite plus vite, de façon plus efficace et sans intermédiaire central en utilisant les technologies numériques.
Le transfert d’argent n’a de nos jours plus besoin d’un établissement bancaire centralisé. Des applications comme Abra ou, pour les échanges monétaires en devises, Transferwise, permettent de répondre à des problématiques complexes de façon élégante, simple et décentralisée, en concurrence directe avec les changeurs et les opérations bancaires équivalentes, bien plus coûteux. Et les banques ne pourront pas fournir un service équivalent sans changer profondément de métier.
Les habituels services de gestion de compte sont, eux aussi, appelés à évoluer bien au-delà des « home-bankings » proposés par les banques historiques. Mint en est un exemple assez flagrant qui propose de rassembler en un point unique tous les comptes et toutes les opérations bancaires pour les présenter de façon efficace sur différents supports. Dans la même veine, chacune des start-ups présentées dans cet article de Capital illustre une façon de se passer de la banque traditionnelle ou d’en contourner les services.
On peut arguer de la grande volatilité des cours de Bitcoin pour ne voir dans cette innovation technologique qu’un gadget amusant et voué à l’échec, mais la réalité est que cette cryptomonnaie est une excellente preuve de concept par l’exemple : oui, une cryptomonnaie peut fonctionner sans tiers de confiance ni système bancaire, oui, des transactions commerciales peuvent être menées en l’utilisant, et oui, le marché peut arriver, seul, à déterminer la valeur et la pérennité de cette monnaie sans l’intervention d’un Deus Ex Machina ou d’une banque centrale politisée. On comprend que ces caractéristiques rendent particulièrement moites les mains de banquiers, de politiciens ou même de syndicalistes.
Et très concrètement, Bitcoin aura permis l’émergence d’un bouillonnement de projets dans le domaine, visant à répondre à différentes problématiques monétaires et bancaires. Outre des variantes plus ou moins sérieuses de cryptomonnaies, on trouve différentes initiatives de regroupement de briques technologiques (cryptomonnaie, système de paiements, plate-forme de trading, …) comme par exemple SuperNet, plate-forme d’échange en pair-à-pair (sans centralisation, donc).
Et si les révolutions précédentes (depuis les appareils photos numériques jusqu’aux biotechnologies en passant par l’impression 3D) sont un indicateur du rythme auquel on doit s’attendre, il est probable qu’il ne faudra pas vingt ans pour un tel changement. Or, d’après un récent rapport de … Goldman Sachs (une banque, eh oui), dans les sondés de la Génération Y (qui ont la trentaine actuellement), 33% admettent s’attendre à pouvoir se passer complètement d’une banque dans les cinq à dix ans à venir, et 50% estiment que l’une ou l’autre start-up aura, d’ici là, pris le relais de ces dernières…
Lorsqu’on voit ce que les hommes d’État ont fait du système bancaire actuel, lorsqu’on voit à quel point ils ont corrodé l’idée même de monnaie et de comportements économiques sains, on comprend que déposséder l’État du système bancaire et renvoyer ce dernier vers les citoyens est un objectif à la fois noble et nécessaire.
Et, maintenant que la technologie le permet, c’est même atteignable.
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