La forte demande émanant des clients n'empêche cependant pas l'établissement de sortir des sentiers battus avec SaxoTraderGO, fondé sur une approche exclusivement orientée web. Son pari, plutôt rarissime dans les grandes institutions, est que l'expérience que procure une interface HTML peut aujourd'hui atteindre la même qualité qu'une application native, tout en permettant de réduire les coûts et d'accroître fortement la réactivité et l'agilité (notamment grâce à la facilité de déploiement et à la mutualisation).
A l'appui de sa démonstration, Saxo met tout de même de sérieux moyens en œuvre, en adoptant les tous derniers standards du web (« HTML5 »), aussi bien pour l'interface graphique (et les captures d'écran tendent à prouver la légitimité de l'approche) que pour les aspects techniques plus « enfouis », tels que l'utilisation d'un protocole de communication (« WebSockets ») permettant de fiabiliser les échanges et d'optimiser les performances. En cible, il s'agit simplement de répliquer l'expérience à laquelle les traders se sont habitués depuis des années avec des outils propriétaires…
Après une période de polémiques intenses autour de la question du modèle logiciel pour le mobile, la querelle s'est plus ou moins évaporée ces dernières années, pouvant laisser penser que les applications natives avaient remporté la partie. Cependant ces dernières ne constituent pas toujours la panacée (par exemple en termes de gestion de la maintenance et des évolutions, imposant de longs cycles de déploiement), tandis que les progrès du web – visant à en faire une réponse viable aux exigences les plus pointues – se poursuivent à un rythme soutenu.
Du côté de Saxo, la nouvelle plate-forme s'accompagne de la mise en place d'APIs (« interfaces de programmation applicative »). Utilisées uniquement en interne, dans un premier temps, elles devraient également être, à terme, ouvertes à des partenaires choisis. C'est ainsi un niveau supplémentaire de flexibilité que s'offre la banque, facilitant la création rapide de nouveaux services et même, si la pression de la clientèle le rendait nécessaire, d'une version native de son outil de trading.
L'initiative de Saxo n'est pas tout à fait unique : dans le même secteur, un fournisseur de logiciels a déjà franchi le pas il y a plus de 2 ans (il est toutefois difficile de savoir si sa solution a rencontré le succès), tout comme Boursorama Banque, plus récemment. Cependant, l'immense majorité des producteurs de logiciels mobiles considèrent toujours – sous l'influence (sournoise, car financièrement intéressée) d'Apple – que seules les applications natives peuvent délivrer une expérience utilisateur optimale. L'apparition d'un contre-exemple de temps à autre est donc toujours utile…