Cinq mois après sa présentation devant les députés, le budget 2015 du Nigeria vient d'être approuvé par le Parlement. Surprise : l'enveloppe des subventions aux carburants est en recul de 90 % cette année, conséquence de la chute des recettes publiques (estimée à 50 %) entraînée par le recul des cours du pétrole. Le Parlement a approuvé la réduction de ces subventions à 100 milliards de nairas (447 millions d'euros) pour 2015, a déclaré Ngozi Okonjo-Iweala, la ministre des Finances, rapporte l'agence Reuters. Elles dépassaient 1 000 milliards de nairas l'an dernier. Les législateurs ont par ailleurs approuvé 45,5 milliards de nairas pour les subventions au kérosène (très utilisé par les ménages nigérians).
En novembre dernier, le gouvernement nigérian sortant avait annoncé son intention de réduire graduellement les subventions aux carburants à 408,68 milliards de nairas en 2016 et 371,18 milliards en 2017. Le parlement a semble-t-il choisi d'aller plus vite.
Or, cette décision intervient alors que les plus grandes villes nigérianes subissent une grave pénurie d'essence, répercussion des retards de paiement des subventions consenties précédemment aux importateurs de pétrole, de la chute du naira et des difficultés d'accès au crédit. Début mai, les retards de paiement du gouvernement aux importateurs s'élevaient à 200 milliards de Naira (894 millions d'euros), explique Dolapo Oni, spécialiste de l'énergie chez Ecobank, contacté par Jeune Afrique.
Capacités
Premier producteur de pétrole du continent, le Nigeria dispose d'assez faibles capacités de raffinage et reste entièrement dépendant des importations d'essence pour sa consommation estimée à 40 millions de litres par jour.
Une précédente tentative de suppression des subventions, menée en 2012 par le gouvernement du président Goodluck Jonathan et visant à doubler le prix du litre d'essence de 65 nairas à 150 nairas, avait provoqué une vive réaction de la population et entraîné une grève nationale de huit jours. Le gouvernement avait dû restaurer une partie de ces subventions pour mettre fin à la grève.
Source : JeuneAfrique