La seconde guerre mondiale prenait fin il y a tout juste 70 ans. Ce conflit terrible, qui vit la domination d’un groupe de barbares sur l’Europe occidentale, s’achevait sur une visions d’horreur, celle des camps de concentration, des camps d’extermination, où périrent des fournées d’individus innocents, juifs, tziganes, communistes et opposants de toutes origines. Soixante-dix ans plus tard, alors que ressurgissent un peu partout dans notre Europe balbutiante, des partis d’extrême-droite ouvertement xénophobes, et qu’échouent quotidiennement à nos portes des bateaux remplis de réfugiés africains, moyen-orientaux, boat-people de notre siècle, il est important de se souvenir que la barbarie nazie s’est propagée en un rien de temps, non pas au sein d’un pays sous-développé, mais au sein d’un peuple qu’on estimait, alors, parfaitement civilisé.
Souvenons-nous que loin de s’être emparé du pouvoir par la force, le parti nazi le prit par les urnes, et fut légalement porté aux commandes de l’état allemand, à l’issue d’élections où il ne remportèrent qu’un tiers des suffrages. Souvenons-nous que des millions d’individus, éduqués, organisés, civilisés, se sont laissés berner par les sirènes d’un nationalisme outrancier, et l’ont suivi pendant plus de dix ans dans une déchéance morale qui conduisit à l’extermination de peuples entiers par millions d’individus, dans l’une des machines de destruction humaine parmi les plus ingénieusement organisées. Souvenons-nous qu’ingénieurs, avocats, commerçants, médecins, ouvriers, jeunes et vieux, ont salué Hitler comme un seul homme, lui laissant les coudées franches pour redresser leur nation et mettre à genou ses voisins.
La barbarie n’est pas l’apanage des nazis ni du peuple allemand. Tout homme, tout individu secrète sa propre violence, son propre fond de haine au fond de lui. C’est le propre des grands dictateurs d’être capable de l’exacerber, et de la mettre au service de son projet totalitaire. C’est pourquoi pour éviter que la barbarie ne se reproduise, c’est avec nous-mêmes qu’il faut d’abord lutter. Pour cesser de réfléchir avec nos tripes, nos impulsions, notre épiderme. Et garder la tête froide, en toute occasion.
Là où il n’y a pas d’hommes, tâche d’être un homme. Pirkei Avot
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