Magazine Culture
Lourd, viscéral, s’épaississant de riffs en riffs, la décoction sonique préparée par Les Sorciers Du Theil respire autant la soudure en plein soleil que l’alcool trempé d’orages. On rembobine. Cherbourg, début juillet 2014, une première cassette éponyme signée de leurs griffes sur Tamed Records annonce la couleur : un rock brut de décoffrage, glaviotant une noirceur psychée comme l’on crache ses poumons et s’adonnant aux joies de l’improvisation par le biais d’une structure rythmique intangible et infaillible. Répétitions incantatoires, constellations de motifs sonores obsédant, les vêpres alors servies rentraient alors en résonance certaine avec ladite légende parcourant le bois de Barnavast et des procès en sorcellerie de l’époque moyenâgeuse. Une histoire reprise au pied de la lettre sur leur nouvel album à paraître le 18 mai prochain, toujours sur la jeune structure cherbourgeoise – par ailleurs refuge des fabuleux anglais de GNOD ou de la discrète et magnétique Alice Dourlen et son projet Chicaloyoh (lire) – , avec quatre impressionnants chapitres coulés dans un heavy rock halluciné, à la fois fascinant et hanté, notamment par quelques vocalises éparses et cryptiques, développant, avec toutes ses convulsions, ce récit folklorique des sorciers du Cotentin dont Polyte Deshaies reste le plus fameux, s’adonnant comme d’autres à la fornication rituelle et fabriquant des hosties noires pour leurs offices maléfiques. Trois suspendus, bravade inaugurale, s’écoute ci-après, en exclusivité.
Audio (PREMIERE)