Voici ce que dit Pau Hermé sur http://www.torofiesta.com/
Naphtaline
José Tomás est revenu à Aguascalientes pour une corrida certainement très émouvante, il a triomphé là où il a failli y rester, et je suis très content pour lui. Seulement, avec José Tomás, il y a comme un problème. Celui de l’attente et du mythe…
Et à la force, ça commence à faire beaucoup. Au risque de me mettre à dos tous les tomasistes de la Terre, la plupart d’ailleurs plus pour suivre un phénomène de mode que par pure aficion, je commence à en avoir assez de devoir répondre à la sempiternelle question : alors, il va venir cette année ?
Evidemment, je ne suis pas dans ses petits souliers et je n’ai aucun élément de réponse, et pour tout dire, je ne me lève pas tous les matins en me demandant si Dieu va revenir sur Terre !!!
Car Dieu, alias José Tomás, je l’ai déjà vu des dizaines de fois… quand il fallait le voir !!! Alors tous les bobos qui veulent rattraper le temps perdu, ce n’est pas vraiment mon problème…
Entendons-nous bien, il est certain que José est un maestro exceptionnel, un torero d’époque, qu’il m’a fait vibrer certainement autant que vous, mais après, dans cette espèce de semi retraite dont il ne sort qu’occasionnellement, voilé dans une chape d’incertitude et de mystère, ça commence un petit peu à me peser. Car aussi exceptionnel qu’il soit, les temporadas continuent à se succéder avec leur part d’échecs et de triomphes, et l’époque actuelle est loin d’être la pire. Même si on a toujours tendance à enjoliver le passé… Surtout à un moment où il y a pas mal de toreros intéressants, mais ça, c’est à l’appréciation de chacun. Question de vibrations et de ressenti.
Et comme je fais mien le dicton : "Il vaut mieux tenir qu'attendre ! ", je préfère partager des émotions en direct plutôt que de vivre sur le passé, qu’il ne faut certes pas renier, mais on ne peut pas avancer en étant entourés de boules de naphtaline… ou de cristal ! C’est du moins mon avis, alors viendra, viendra pas, Dieu seul le sait ! L’autre…
Sur la revue Semana Grande, Marc Lavie pense à peu près la même chose en disant, au sujet deLopez Simon à Madrid la semaine dernière et le comparant à ce que aisait José Tomas il y a vingt ans : "Vit-on au passé ou au présent ? Combien de temps rendrons-nous de culte qu'au passé, et aux toreros dont les tempes grisonnantes ou les implants trahissent les vngt ou vingt-cinq ans d'alternative.....
Je partage tout à fait ces avis : José Tomas est un immense torero, un torero d'époque qui laissera une page importante dans l' histoire tauromachique. Mais la corrida ne peut se satisfaire de mythes, qui se distribuent parcimonieusement. Où est la confrontation avec la jeune génération dans des arènes importantes ? C'est vrai, un mythe doit rester sur son piédestal, mais la corrida est un art vivant permanent !