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Dans gérer ses émotions, il y a avant tout, émotions
Gérer ses émotions, c’est comme vouloir gérer un troupeau de chevaux sauvages lancés au grand galop dans les steppes mongoles, c’est pas gagné du premier coup. Bien sûr, vous allez voir et avoir partout sur le web et dans les rayons « développement personnel » des librairies, toute une panoplie de trucs et astuces et autres conseils ou recettes toutes faites pour vous faire croire le contraire. Si vous êtes un peu habitué à ce blog, vous connaissez ma position sur les recettes miracles…
Je pense que les émotions ne s’abordent (et ne se sabordent) pas comme on aborde la compta. ou des données statistiques.
Déjà, les émotions sont à l’Homme ce que la pluie, le vent, la neige, le soleil ou les saisons sont à la nature; il n’est pas possible de s’en passer. C’est comme ça, elles sont là. Elles font partie intégrante du paysage de notre vie. Elles s’activent quand un stimulus vient les titiller. Parfois avec douceur, parfois avec force; parfois elles sont source de plaisir, parfois elles sont source de déplaisir, voire de douleur.
Toujours est-il qu’elles sont là et bien là. Alors, autant s’en faire des alliés et apprendre à composer avec elles plutôt que de les combattre ou, comme l’indique le titre de ce billet, les gérer.
Avez-vous déjà essayé de gérer la pluie et le beau-temps ? À la rigueur, le seul type de gestion possible est celui de se protéger; par un parapluie en cas de mauvais temps ou par des lunettes de soleil, une casquette et de la crème solaire par grand soleil. On compose avec le temps, on s’y adapte, on fait avec… Pour gérer ses émotions, c’est la même chose, et d’autant plus que c’est en nous que ça se passe.
Le paradoxe de la gestion des émotions
Personnellement, je trouve qu’il existe un sacré paradoxe dans l’injonction de gérer ses émotions. En effet, vous constatez comme moi que grâce (ou à cause) des différents médias qui nous abreuvent (ou nous noient) d’informations en tout genre, de vidéos à fort potentiel lacrymal ou de programmes décérébrés et décérébrants, tout est fait pour exacerber nos émotions.
Quelques exemples :
Peur : Branchez-vous sur les chaînes de désinformation continue et vous comprendrez de quoi je parle. D’ailleurs, l’un des nombreux facteurs de la montée des extrémismes de tout bord repose sur cette émotion de peur insufflée, cultivée et entretenue par ce type de média. Quoi de mieux en effet que de générer de la peur en créant un sentiment d’insécurité permanente pour ensuite se positionner en tant que sauveur/protecteur et ainsi être reconnu comme légitime (et donc élu) par le plus grand nombre ? Et ce sentiment n’est pas seulement associé à l’insécurité physique, mais aussi à l’insécurité économique et sociale.
Colère : Je ne sais pas si c’est moi, mais quand il m’arrive d’allumer la TV, je tombe très souvent sur des scènes de disputes, de cris, d’insultes. En tenant compte de l’action et des effets des neurones miroirs, je suppose que ce spectacle ne doit pas être sans conséquence à moyen ou long terme sur nos propres représentations des rapports humains. De plus, le média TV apparaît malheureusement comme une norme pour bon nombre de personnes. Ainsi, assister à longueur de temps à ce type de spectacle pathétique pourrait faire croire que ce type de comportement est la norme, alors que je crois, au contraire, qu’il est l’exception… du moins pour l’instant. En effet, à terme, une norme induite virtuellement au plus grand nombre pourrait bien devenir une norme acquise réellement pour notre société.
Tristesse : Les vidéos en circulation mettant en scène les grandes épreuves de la vie, accompagnées de diverses musiques toutes plus mélodramatiques les unes que les autres, foisonnent sur les réseaux sociaux. L’objectif inavoué de ces vidéos, parfois désignées comme virales, est bel et bien celui de vous mettre la larme à l’oeil. Non que ce soit un problème en soi, mais c’est encore un gros paradoxe avec les messages qui viennent, dans le même temps, vous proposer de “gérer vos émotions”.
Joie : Pour le coup, je trouve que les moments de joie (émotion positive par excellence) ne se retrouvent pas vraiment dans ces médias. Ils se font même plutôt rares. Personnellement, je ressens cette émotion lorsque je suis “dans la vraie vie” en contact avec d’autres personnes à partager des moments agréables, à apprendre de nouvelles choses, à écrire des articles ;-), à faire des sorties en montagne, à réaliser des choses qui ont du sens pour moi, etc. Le calcul est simple, la somme d’émotions positives ressenties comme la joie est inversement proportionnel au temps passé devant des écrans, quels qu’ils soient.
Je partage avec vous tous ces exemples pour illustrer le paradoxe de la gestion des émotions.
Comment répondre à l’injonction de “gérer ses émotions” tout en étant surexposé à tous les stimuli venant les déclencher ?
De la gestion à la régulation
Pour conclure ce billet d’humeur et en m’appuyant sur les travaux effectués en psychologie positive, je crois qu’il est préférable de parler de régulation plutôt que de gestion des émotions.
La régulation me semble en effet plus appropriée pour décrire la dynamique des émotions qui, je le rappelle, font partie de qui nous sommes. Je vois ça plus comme un thermostat interne dont l’apprentissage du fonctionnement est nécessaire pour vivre au mieux dans notre quotidien, que comme des variables arithmétiques soumises à des lois mathématiques.
Et puis, de toute façon, je n’ai jamais aimé les maths
Si vous-même ressentez parfois des difficultés à réguler vos émotions et souhaitez être accompagné sur ce sujet, contactez-moi via la page contact. Réponse sous 24 heures.
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