Qui sait ce qu’il chantera à la fin,
Regardant la jetée alors que s’éloigne le navire, ou quel sera son sentiment
Quand il sera retenu par la mer grondante, incapable de bouger, à la toute fin,
Ou ce qu’il espérera quand il aura compris que jamais il ne reviendra.
Quand sera passé le temps de tailler les roses ou de caresser les chats,
Quand le crépuscule qui embrase la pelouse et la pleine lune qui la recouvre de givre
N’apparaissent plus, qui sait ce qu’il découvrira à la place ?
Quand le poids du passé ne s’appose plus sur rien, et le ciel
N’est rien de plus qu’un souvenir de lumière, que les histoires de cirrus
Et de cumulus sont terminées, que tous les oiseaux sont suspendus en vol,
Qui sait ce qui l’attend, ou ce qu’il chantera
Quand le bateau sur lequel il a embarqué s’enfonce dans l’obscurité, à la toute fin.
*
Not every man knows what he shall sing at the end,
Watching the pier as the ship sails away, or what it will seem like
When he’s held by the sea’s roar, motionless, there at the end,
Or what he shall hope for once it is clear that he’ll never go back.
When the time has passed to prune the rose or caress the cat,
When the sunset torching the lawn and the full moon icing it down
No longer appear, not every man knows what he’ll discover instead.
When the weight of the past leans against nothing, and the sky
Is no more than remembered light, and the stories of cirrus
And cumulus come to a close, and all the birds are suspended in flight,
Not every man knows what is waiting for him, or what he shall sing
When the ship he is on slips into darkness, there at the end.
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Mark Strand (1934–2014) – The Continuous Life (1990)