- que lundi soir dernier, dans l'émission Mots Croisés sur France 2, le maire de Béziers, Robert Ménard, spécialiste ès décisions polémiques voire plus que douteuses dans sa municipalité, a révélé que sa mairie tenait des statistiques sur la proportion d'enfants musulmans dans les écoles de sa ville. Il a affirmé que 64,6% des enfants des écoles de Béziers étaient de confession musulmane, lançant, citons-le : je trouve que c’est trop. Il a dit ceci, citons-le encore : les prénoms disent les confessions. Bien entendu, les prénoms disent tout ! Tous les Rachid sont musulmans, tous les Benoit sont catholiques, tous les François font de la politique, tous les Bernard sont ermites, tous les Eric mangent des Krisprolls, son prénom révèle l’âge de Pierre, et, supposons, supposons, tous les Robert sont des gros cons. Ménard a également précisé cela, citons-le à nouveau : Je sais que je n'ai pas le droit, mais on le fait. En effet, la loi Informatique et Libertés est limpide. Le fait de constituer des fichiers faisant apparaître, directement ou indirectement, l’appartenance religieuse ou l’origine raciale vraie ou supposée des personnes est interdit. S’appuyer sur un prénom, on peut dire que c’est supposer, totalement supposer. Selon l'article 226-19 du code pénal, le non-respect de cette règle est passible d'une peine de cinq ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Qu’il les fasse, qu’il les paie. Il est parfois très bon, pour la santé, de tourner, au pas de course, pendant 45 minutes, autour du pot, et parfois, non.
- que le weekend dernier, les unités de la marine militaire italienne et les garde-côtes ont secouru, avec l’aide de plusieurs navires marchands, près de 6 000 personnes. Qui étaient ces 6000 personnes ? Où ont-ils été sauvés ? Ces personnes étaient des migrants, embarqués dans des bateaux de fortune, sur la Méditerranée. Et une quarantaine d’entre eux sont morts lorsque leur canot pneumatique s’est dégonflé. Mais, mais, mais, réécrivons avec dégoût une brochette de mais en mai. Au mois d’avril, le 20, la Commission européenne a proposé dix propositions d'actions pour lutter contre le trafic de migrants, et empêcher les candidats à l'immigration de risquer leur vie en traversant la Méditerranée. Le 23 avril s’est tenue une réunion extraordinaire du Conseil Européen, avec, en ouverture, une minute de silence en hommage aux victimes du terrible naufrage qui s'était produit en Méditerranée quelques jours avant, minute de silence solennellement respectée par les dirigeants de l’UE. Et depuis ? Les migrants migrent toujours, et meurent encore. C’est donc l’heure d’applaudir les chefs d’état européens et les décisions prises. Hourrargh. Il est parfois très bon, pour la santé, de tourner, au pas de course, pendant 45 minutes, autour du pot, et parfois, non.
- que des femmes journalistes, presse, radio et télévision, chargées de couvrir la politique française, ont signé une tribune intitulée Bas les pattes, pour dénoncer les propos déplacés, les mains baladeuses, le paternalisme lubrique, le sexisme ordinaire des responsables politiques français. Un zoom sur un microcosme qui reflète des pratiques courantes et répandues ailleurs. Elles livrent grand nombre d’exemples, tous autant édifiants les uns que les autres, décrivant le poste ou le statut de celui qui s’exprime ou agit ainsi. Mais aucun nom n’est cité. Fallait-il faire du name and shame, dénoncer et punir, afin, qu’honteux, ils cessent, afin, qu’enfin, la dénonciation fasse effet ? Citons Olivier Fillieule, professeur de sociologie politique à l’Université de Lausanne, car on ne peut pas mieux dire : la publicité des actes et propos sexistes serait une mesure de salubrité publique ; ces comportements sont punis par la loi et la position des hommes qui les perpètrent les oblige en quelque sorte à l’exemplarité ; dès lors, la loi du silence, l’omerta, se retourne toujours contre les victimes ; donc oui, sans aucun doute, dans le cas de comportements sexistes, la dénonciation doit être encouragée, les noms doivent être divulgués et les victimes, les dénonciatrices, donc, protégées en revanche de toute rétorsion. Je souscris à 100%, non, à 1000%. Il est parfois très bon, pour la santé, de tourner, au pas de course, pendant 45 minutes, autour du pot, et parfois, non.
Magazine Humeur
jeudi 7 mai 2015