La fille s'apprête à exécuter son père, parce qu'elle trahit ou parce qu'il est traître ?
Ce qu'il a commis n'est rien comparé à ce qu'elle va commettre : le déni de l'auteur de ses jours et de son parcours. C'est digne du plus indigne !
C'est pourtant le même sang qui coule dans leurs veines... Comme sous le pont du Carrousel, coule la Seine...
Par quel miracle est-il devenu impur du jour au lendemain ?
Si j'étais elle, je plaiderais désormais pour le droit du sol, le sol qui ne s'est pas dérobé sous son pied lorsqu'elle a tiré à bout portant sur celui qui l'a porté là où elle est.
Comme quoi le pouvoir de l'amour n'a aucune prise sur l'amour du pouvoir !
Peut-on confier Mère patrie à celle qui n'a pas hésité à sacrifier son propre père pour afficher ses nouveaux repères ?
Elle jette le vieil homme à la mer et après ?
Qu'est-ce qu'elle fait ? Qu'est-ce qu'elle peut encore faire ?
Il y a de la tragédie dans l'air.
Et elle ne l'emportera pas au paradis.
"Jeanne au secours !" s'écrie le père en songeant probablement à l'ironie qui a scellé son sort et ne tardera pas à sceller celui de sa fille.
Les deux, l'ingrate tout comme l'autocrate sont victimes de ce que les grecs nommaient "l'hybris" : la démesure.
Les deux ont péché par excès de défauts...
À force de déjuger l'Autre, ils ont fini par se déjuger eux-mêmes !