Une histoire d'écriture

 

Depuis que je fais part à droite et à gauche de la publication de mon livre, je reçois, outre des félicitations, des commentaires des uns et des autres sur leur désir d’écriture avec la petite phrase : comment as-tu fait ?

Je n’ai jamais été portée par l’idée d’écrire un livre. Je pourrais même dire que ça ne m’effleurait pas du tout. Et je suis encore sidérée de cet accomplissement. D’où cette question : quel est l’élément déclencheur, si élément il y a ? Je n’en sais rien. Tout au plus puis-je faire part de ma modeste et très récente expérience en la matière.

L’écriture a toujours été présente dans ma vie pour une raison simple : je n’ai pas été élevée ni éduquée à l’heure de l’ordinateur. J’ai toujours écrit à la main, munie d’un stylo à plume et d’un paquet de feuilles blanches. D’ailleurs j’ai conservé ce mode opératoire au moment de commencer, avant même de me jeter sur mon écran. Je me sens ainsi ancrée dans mon texte. 

Vous me direz avec juste raison : ça ne fait pas un livre !

A Sciences po puis dans ma vie professionnelle, j’ai beaucoup rédigé. Dans la banque je ne compte plus le nombre de comités de crédit, compte-rendus et autres notes,  que je me suis farcie. On disait de moi que j’avais une jolie plume. J'ai aussi traîné mes guêtres dans la communication. Je me suis coltinée les techniques de l’écriture, les règles de ponctuation. J’ai travaillé avec des journalistes, des agences de communication, etc. J’en conclus que j’ai acquis une certaine facilité dans ce domaine.  Mais ce n’est toujours pas suffisant pour en arriver à un livre.  

Il y a 5 ans, j’ai démarré un blog,  ou "griffonné",  comme dirait un écrivain connu dont je me suis empressée d’oublier le nom. L’angle change car on écrit dans un cadre que l’on est libre de définir, avec ses convictions, ses humeurs, ses colères, pour un public qui se forme au fur et à mesure des années et à qui on transmet quelque chose de soi. Je m’aperçois au fil de l’eau que les articles qui ont eu le plus de succès sont ceux dans lesquels j’ai mis beaucoup de moi. 

Peu à peu j’ai utilisé des carnets, que je trimballais partout, où je notais tout ce qui me venait à l’esprit, tout ce que j’entendais, tout ce qu’on me racontait, pour nourrir mon blog.

Cependant, on est toujours loin d’un livre ! 

A la réflexion, ce qui a probablement constitué une étape  fut la création d’un réseau intitulé sans grande imagination "Hélène’s network ", mis un peu de coté ces derniers temps (pour cause justement de bouquin). Dont le but était de proposer un débat rafraîchissant sur des sujets communément partagés mais avec un petit quelque chose de décalé. 

Sans complexe, je me suis lancée sur des thèmes dont je connaissais un peu les tenants et aboutissants mais au fond pas grand-chose. J’ai pris le pli d’effectuer des recherches, de creuser, d’explorer afin d’offrir une problématique la plus large possible à mes gentils réseauteurs. J’ai abordé la réussite, l’image, le pouvoir, le vouloir, la gentillesse, le risque, etc. Un matin, je suis sortie de mon lit avec une idée folle en tête : l’argent. Et comme je suis dotée d’un esprit un tantinet provocateur, je l’ai formulé ainsi : " Aimez-vous l’argent ?"

 Tout a démarré de là. 

Le titre a attiré l'œil d’un éditeur qui, enthousiasmé, m’a suggérée un livre. Pour ne rien vous cacher, ça m’a fait rigoler. Bien évidemment, je n’avais aucune idée, en dehors des trois pages que j’avais concoctées pour ce débat, de ce que je serai capable de produire. Mais pourquoi pas ?

Rendez-vous a été pris et on m'a mise dans les mains d'une jeune femme charmante, "éditrice" comme l'indiquait sa carte de visite. Nous nous sommes rencontrées à deux ou trois reprises pour discuter du sujet. Elle m'a demandée de préparer  un plan, une introduction et une conclusion pour le comité éditorial avec des indications assez précises. J'ai pas mal bossé. J'avais un assez bon contact avec elle, pourtant j'ai eu un doute sur ses intentions réelles. Je lui étais imposée par sa direction et au travers de certaines de ses réactions, ça n'avait pas l'heur de lui plaire. Et de fait mon projet a été refusé. Au motif que je n'étais pas légitime. Mes idées étaient intéressantes mais "on les fera écrire par quelqu'un doté d'une visibilité sur le marché", m'a-t-elle dit ! Comme je l'avais subodoré, elle ne voulait pas de moi. Après tout, c'est son droit le plus strict. Dans son refus, elle m'a décochée une flèche qui allait m'empoisonner pour de longs mois. Elle m'a jetée au visage ma légitimité, ce qui constituait une première pour moi.

Bien sûr, dans le passé, on m’avait mille fois susurrée que je n’avais peut-être pas toutes les compétences, qu’il me manquait ci, qu’il me manquait ça, mais aussi directement : jamais. Vous dire que ça m'a énervée est un euphémisme. J'ai décidé  de relever ce défi sans savoir comment m'y prendre. Chiche, on va voir si je suis cap ! Une espèce de rage m’a habitée qui m’a permis de tenir pendant les trois ans qu’aura  duré  cette aventure, aussi drôle que douloureuse. Ce n'est pas pour rien que j'ai choisi le titre de mon blog et soudainement, à mes yeux, il était hors de question de me cantonner à être "le second rôle de ma vie". 

J’étais curieuse de voir aussi comment j’allais exploiter ce sujet sulfureux. Dans la famille, rien ne nous fait peur. Mon neveu Thibault de Montaigu nous l’a prouvé avec "Voyage autour de mon sexe " ! C’est dire ! 

Donc en marche! 

Mon cher lecteur, je vais vous raconter au fil de l’eau cette épopée : les rencontres, les rebondissements, les échecs, les opportunités, les difficultés qui l'ont jalonnée et qui m’ont bien occupée et préoccupée. Et au final, comment j'ai atteint ce but : un livre, ouf ! Je vais oser vous faire partager mes découvertes à propos de la relation à l’argent "que l’on ne saurait voir". Peut-être y puiserez-vous l’inspiration nécessaire pour, à votre tour, vous lancer et réaliser votre rêve de livre.

C’est mon souhait le plus cher. 

A bientôt, donc.