Une autre idée fausse sur l’Angleterre doit en effet être abandonnée. Les anglais auraient bradé leur industrie. Certes moins prépondérante que par le passé, elle représente aujourd’hui 21 % du PIB anglais (contre 27% en 2000), se situant encore au-delà de la France (19%). L’accent a été particulièrement mis sur les services et produits à haute technologie. C’est ainsi que la productivité est légèrement supérieure à celle de la France, bien que l’écart ne soit pas très significatif. Autres articles
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Les dépenses publiques ont été réduites sur les 5 dernières années : gel des salaires des fonctionnaires pendant 2 ans, âge de départ à la retraite repoussé à 69 ans pour 2040. Et les ménages consomment ! Le taux d’épargne s’est bien réduit passant de 7,40% en 2010 à 4,50% en 2014. Les ménages anglais « pompent » dans leurs économies faute de bénéficier de hausse de salaire. Cela ne pourra pas durer, la hausse des salaires et de la productivité seront à inscrire au programme du futur gouvernement au risque d’assécher la reprise en cours. Alors comment expliquer cette faible popularité du gouvernement Cameron ? Elle résulte des efforts entrepris par la nation, favorisant le premier chainon de la création de valeur ajoutée, l’entreprise. Cela s’est fait dans un premier temps au détriment des ménages, mais en faveur de la croissance et de la création d’emplois. Couplé à cette stratégie, la banque d’Angleterre a entrepris avec un excellent timing un « quantitative easing » (QE) en 2009, créant une bouffée d’oxygène nécessaire pour l’économie. Initié juste après la crise, elle a produit tous ses effets au moment où l’économie en avait besoin, tandis qu’en zone euro cette initiative a été trop tardive, puisque mise en œuvre en 2015. A l’avenir, la deuxième étape du redressement de l’économie anglaise passera par une réduction du déficit budgétaire, qui devra profiter à l’ensemble de l’économie.
Cependant, le gouvernement qui sortira des urnes ce jeudi 7 mai devra affronter une autre difficulté, d’ordre politique : l’émiettement des partis, qui risque fort de concentrer les pouvoirs entre les mains de petits partis populistes ou corporatistes, rendant ses marges de manœuvre, qu’il soit conservateur ou travailliste, plus étroites.
A propos de l'auteur : Daniel Gerino est président et directeur de la gestion de Carlton Sélection. Il est économiste et membre diplômé de l’Institut des Actuaires Français.