A l'invitation de Traces, une contribution à la farandole des solitudes. La balle est passée à qui veut la saisir et contribuer
Ambiance sonore :
Pour moi, la solitude, c'est d'abord une parole. D'une chanson de Th iéfaine. Il y est dit : La solitude n'est plus une maladie honteuse. C'est une phrase upercut pour l'enfant que j'étais à l'époque et qui écoutait cela pour la première fois. Un choc. Une autorisation inimaginable pour ce petit gringalet qui n'en finissait pas de se sentir seul. Parce que la solitude était copine de jeu, pour moi. Enfin… Copine… Pas tant que ça… Elle était figure imposée, complice des mes heures, ennemi déclaré, en même temps que territoire merveilleux où le temps suspend son vol, où l'imaginaire du jeu s'empare du maintenant, où le plaisir de lire embarque. J'avais horreur de mes moments de solitude. Je les fuyais comme la peste. Les évitait. Ils étaient ennui, mais de ces ennuis qu'ensuite, on découvre merveilleux quand, on s'en souvient comme des pépites oubliées. Ils nous manquent. Ils étaient silences. Absence de paroles dites, trop plein de paroles pensées. Ils étaient solo mi haut.
Je mesure aujourd'hui comme ils ont été l'atelier de ma vie.
Il n'y a pas, je crois, une solitude. Mais des dizaines, des centaines de solitudes. Il en va de la solitude comme d'un galet sur la plage. Il y en a des petites et des grandes, des belles et des moches, des courtes et des longues. Un chapelet de temps happés.
La solitude est culture quand elle permet de dévorer des livres, en ce temps-là, on ne tuait pas le temps devant les écrans.
La solitude est expérience quand elle permet de s'égarer dans les chemins creux et d'y faire des découvertes.
La solitude est rêve quand elle permet d'imaginer des envies, des désirs, des projets.
La solitude est belle quand elle est choisie. Laide quand elle est subie. Enveloppe. Tombe.
Si la solitude était un plat, ce serait une fraise des bois. Si elle était une couleur, elle serait bleue. Si elle était un chant elle serait celui d'un oiseau. Si elle était un lieu, elle serait un lac.
Quelques additifs du vendredi 16 h
Si la solitude était un sport, ce serait le football, le silence épais du tireur de pénalty qui vient de louper son shoot, la joie décuplée du gardien de ce même pénalty qui a réussi à détourner le cuir de la cage.
Si la solitude était un film, ce serait le cercle des poètes disparus. Ou Birdy. Ou 37°2 le matin.
Si la solitude était un métier, ce serait chauffeur de car, de train, de taxi. Ou policier.
Si la solitude était une ambiance, ce serait le silence d'une foule.
Si la solitude était un livre, ce serait ensemble c'est tout, de Anna Gavalda. Ou un Hennig Mankell.
Si la solitude était un plat, ce serait une île flottante. Ou la fève dans la frangipane.