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Le temps des cerises au yoshiwara....

Par Bernard Vassor

 Par Bernard Vassor

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Yoshiwara était le nom au temps du Shogun Jyomitsu au XVIIème siècle, donné au quartier réservé aux courtisanes. A la fin du dix-neuvième siècle, personne ne s'était encore aventuré dans cette région inconnue du monde occidental. Situé à l'extrême nord-ouest de Tokio, se trouvait une ville minuscule isolée du monde entier. On y entrait par une grille surmontée d'un saule pleureur, surnommé "le Saule de la bienvenue". Assez surprenant pour une ville interdite ! Le spectacle le plus extraordinaire du Yoshiwara est offert trois fois par an, au printemps quand les cerisiers sont en fleurs, en été avec les iris, et en automne quand les chrysanthèmes, fleurs nationales du japon s'épanouissent dans toute leur beauté. Alors la Youjo se pare de ses plus beaux habits, costumes magnifiquement brodés pailletés d'or, coiffures monumentales tenues par des épingles de nacre ou de métal précieux, sans oublier l'obi, qui est le signe obligatoire qui différencie la courtisane de la femme honnête. Chaussées de géta de 35 centimètres de hauteur, elles marchent en cortège lentement avec deux serviteurs pour guider leurs pas, invitent les passant à s'écarter pour laisser le passage de ces dames au visage d'une blancheur de neige, aux sourcils noirs, les lèvres fardées de rouge, le regard fixe. Elle ressemblent ainsi à des idoles. Il y a là comme une réminiscence des cérémonies du culte phallique, des priapées antiques.  

Des avenues étaient coupées à angle droit par des rues où les maisons de thé alternaient avec d'autres échoppes. Le milieu de la chaussée était occupé par une suite de jardinets de deux mètres de largeur environ, remplis de fleurs orné de fontaines et des lanternes de pierre aux formes élégantes. Des objets construits avec des brins de bambou, représentaient des scènes avec des animaux et des personnages faisant des bouquets et flânant au bord de ruisseaux. Des lanternes rondes, rouge vif, en double rang courent le long des toits et des balcons. La nuit venue, tout s'illumine, au rez-de-chaussée des maisons publiques s'exposent les dames accroupies sur des nattes, fumant, buvant du thé, causant, le tout étant très décent. D'autres maisons se contentent d'exposer sur un tableau, les photographies des hôtesses qui les habitent. Le Yoshiwara possède aussi des maisons de briques et de pierre très luxueuses dont on peut apercevoir par les portes entrouvertes le luxe du décor. Aucun signe n'indique la destination de ces lieux, sauf peut-être quelques silhouettes gracieuses de femmes aux coiffures monumentales accoudées aux balcons, qui regardent les passant d'un air langoureux, ce qui n'est pas sans évoquer nos "fenestrières"de la rue Clauzel....Comme partout dans le monde, il, existe dans la police un bureau spécial pour la prostitution, une police secrète ayant à leur service les maîtres de ces lieux. C'est également la police qui perçoit une taxe sur chaque membre du personnel. Une douzaine de fonctionnaires sont chargés de la surveillance, aussi bien sanitaire que de maintien de l'ordre. Dans une salle au rez-de-chaussée, deux scribes tiennent des registres. Des portes coulissantes laissent le passage aux candidates qui veulent devenir "Yujo" (filles de joie) accompagnées de leurs parents ou tuteurs, ainsi que le propriétaire du Kashi Zashiki (bordel) où la fille doit exercer. Tous cela se passe de la plus grande correction. La fille interrogée doit garder les yeux baissés, le propriétaire est lui aussi interrogé et les employés consignent consciencieusement tout cela sur le cahier de police. Il y a plusieurs grades dans la profession. Les tarifs, fixés par la loi sont en rapport avec la situation de ces dames : Oïranest le grade le plus élevé dans la hiérarchie, Shogi, est le plus commun, Joro, le plus joli et Youjola fille de joie ordinaire. Les maisons du Yoshwara rapportent quatre fois plus que celles de Tokio. On peut compter mille huit cents Shogi, chaque maison paye l'équivalent de 200 francs par an d'impôt au gouvernement, et  chaque prostituée de 30 à 180 francs selon sa classe. (sommes évaluées en francs de 1870 environ)

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Chacune dispose d'une servante et d'un appartement particulier artistiquement décoré. Ces femmes ne disposent pas de la considération des japonais qui considèrent comme infamante leur condition. Mais certaines échappent, on ne sait trop pourquoi à l'opprobre. La biographie d'une courtisane célèbre par sa beauté, la Marasaki dit que son corps fut souillé, mais non son cœur. Le spectacle le plus extraordinaire du Yoshiwara est offert trois fois par an, au printemps quand les cerisiers sont en fleurs, en été avec les iris, et en automne quand les chrysanthèmes, fleurs nationales du japon s'épanouissent dans toute leur beauté. Alors la Youjo,se pare de ses plus beaux habits, costumes magnifiquement brodés pailletés d'or, coiffures monumentales tenues par des épingles de nacre ou de métal précieux, sans oublier l'obi, qui est le signe obligatoire qui différencie la courtisane de la femme honnête. Chaussées de géta de 35 centimètres de hauteur, elles marchent en cortège lentement avec deux serviteurs pour guider leurs pas, invitent les passant à s'écarter pour laisser le passage de ces dames au visage d'une blancheur de neige, aux sourcils noirs, les lèvres fardées de rouge, le regard fixe. Elle ressemblent ainsi à des idoles. Il y a là comme une réminiscence des cérémonies du culte phallique, des priapées antiques. C'est que le Japon, quoi qu'il fasse, reste le pays de l'exquis et il est impossible d'apporter des manières plus convenables dans une manifestation inconvenante étant donné la qualité des personnes. On ne peut méconnaître cependant le caractère poétique et gracieux, l'amour des fleurs et l'adoration de la nature. D'après des éléments d'un texte traduit par FELIX REGAMEY.

 Mise à jour le 6 mai 2015  


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