J’ai acheté ce livre à cause de son titre, moi qui suis fan d’histoire de France et de la façon de l’enseigner au point de collectionner les anciens manuels qui me tombent sous la main. Mais quelle déception !
Qui suis-je, me direz-vous pour critiquer un historien patenté, auteur d’une masse d’ouvrages sur l’histoire contemporaine de notre pays ?
Une lectrice éclectique et, cette fois, fort déçue … qui a eu bien du mal à terminer cet ouvrage foisonnant de citations et de références, visiblement destiné à des spécialistes et qui en emprunte volontiers le jargon.
L’auteur commence par citer toutes les émissions de télévision et revues consacrées à l’histoire et à souligner leur faveur auprès du public. Mais après, tout se gâte … et tout se mélange – l’identité, le pacte républicain, la longue plainte d’un universitaire auquel un Président a confié un beau projet, hélas torpillé par son successeur pour des raisons politiques, syndicales et financières.
L’histoire de France, à quoi bon, et pour quoi faire ? La sage lenteur historique, la culture de l’instantanéité aidant, serait en cours d’abandon sous l’effet de la révolution numérique. L’auteur emploie le terme d’« infarctus » de la temporalité (on voit bien qu’il ne sait pas de quoi il parle … alors que moi, si !).
Certes, pour lire et comprendre notre temps présent, nous avons plus que jamais besoin de visiter, d’expliquer, d’enseigner, de comprendre l’histoire de notre pays et celle des autres pour tenter de mieux se connaître.
C’était, semble-t-il l’objectif de la Maison de l’histoire de France, ce projet tué dans l’œuf dont il fut le président du Comité d’orientation scientifique et dont le résumé, sans doute le seul motif de ce livre, figure en annexe. Même si les objectifs étaient des plus louables, ils n’ont pas résisté à l’alternance politique. Car si l’auteur affirme qu’ « un peuple ne vit pas sans récit, ni mythes fondateurs et qu’il entretient en lui, malgré les doutes, les haines et les déchirements, un souci de continuité et d’unité, d’ascendance et de descendance », fallait-il un énième musée pour le rappeler à nos concitoyens ?
En outre, on peut ne pas être totalement en accord avec certaine de ses affirmations, en particulier celle de Patrick Weil sur notre spécificité française, inscrite historiquement dans nos institutions et notre imaginaire : « Le goût pour l’égalité, le respect pour la langue commune, la mémoire positive de la Révolution, la laïcité version 1905. »
Désolée, mais je connais très bien certains citoyens parfaitement loyaux à la République qui ne souscrivent à pas l’intégralité de cet axiome et ne doivent cependant pas pour autant être considérés comme de « mauvais Français ».
Bref, un livre plein d’aigreur, dénué de propositions réalistes, et qu’on peut éviter d’acheter …
Vive l’histoire de France, essai de Jean-Pierre Rioux, chez Odile Jacob histoire, 236 p. 22,90€