Good Kill // De Andrew Niccol. Avec Ethan Hawke et January Jones.
Après avoir tenté l’adaptation de roman dystopique avec succès (Les Âmes Vagabondes) et grand raté (Time Out), Andrew Niccol revient à un sujet qu’il avait maitrisé avec beaucoup d’intérêt : la relation entre la guerre et les Etats-Unis et les dessous de ces guerres. Il avait déjà commencé son propos avec Lord of War (avec Nicolas Cage), un solide thriller qui nous plongeait dans l’univers fascinant des marchants d’armes. Il y avait une histoire de morale que le héros commençait à questionner et c’est un peu ce qui se passe avec Tommy Egan qui va lui aussi se poser des questions sur le boulot qu’il fait pour le compte de la CIA, tuant des innocents à tire larigot pour soi-disant le bien des Etats-Unis. Ce qu’il y a de bien avec ce film c’est qu’il nous laisse prendre conscience de ce qui se passe et de la situation afin de se forger sa propre opinion. Les points de vue sont tous défendables mais forcément, celui de la cause des civils innocents qui sont tués pour rien et dont les morts auraient pu être évitées. Le film est cependant maladroit et a énormément de mal à défendre son sujet durant une heure et demie. De plus, Andrew Niccol semble rester un peu trop terre à terre, on n’a pas envie d’oublier ce qu’il avait si bien fait avec Lord of War, creusant de façon intelligente l’histoire et la morale.
Le Commandant Tommy Egan, pilote de chasse reconverti en pilote de drone, combat douze heures par jour les Talibans derrière sa télécommande, depuis sa base, à Las Vegas. De retour chez lui, il passe l’autre moitié de la journée à se quereller avec sa femme, Molly et ses enfants. Tommy remet cependant sa mission en question. Ne serait-il pas en train de générer davantage de terroristes qu’il n’en extermine ? L’histoire d’un soldat, une épopée lourde de conséquences.
Ici, Good Kill n’échappe donc pas à tout un tas de scènes plus clichés que le reste. On veut nous montrer au travers du prisme de Tommy Egan que la vie d’un soldat américain ne peut pas se jouer derrière un écran. Elle a besoin de se faire sur le terrain car il y a une adrénaline qui fait qu’ils ont envie de partir au combat. Ce n’est pas la première fois qu’un film de guerre tente d’en parler sauf que Good Kill ne veut pas vraiment se concentrer sur ce qu’il avance. Et c’est à peu près ça avec tous les sujets. Comme la difficulté de revenir au pays et de s’y sentir bien (tomber dans l’alcoolisme, la violence conjugale sans vraiment le vouloir, le désintérêt pour sa propre femme, etc.). Ce sont des sujets que le film tente d’aborder de façon intéressante mais qui ne sont pas forcément aussi efficaces que l’on aurait pu le souhaiter. Je ne sais pas trop pourquoi Andrew Niccol n’a pas tenté de faire Good Kill un véritable pamphlet. Cela aurait pu être vraiment intéressant. Le film enchaîne aussi de longues scènes qui paraissent durer des heures et qui assomment le spectateur d’un coup de massue. C’est bête comme tout mais la faiblesse du traitement des sujets, fait que l’on ne parvient pas à prendre complètement le sens de ce film.
J’aurais trouvé par ailleurs intelligent de la part de Good Kill de nous offrir quelque chose de plus efficace d’un point de vue visuel. Les images d’écrans de satellite cela va bien 5 minutes mais s’en coltiner pendant près d’une demie-heure sur toute la durée du film, c’est beaucoup trop. Surtout que c’est du temps perdu qui aurait pu être utilisé pour nous proposer une vraie réflexion. Andrew Niccol n’est pas mauvais réalisateur, bien au contraire, mais il ne parvient pas ici à faire grand chose de ces images satellitaires si ce n’est plus nous ennuyer qu’autre chose. Tout cela est mélangé à bien d’autres choses et notamment la crise de notre couple principal composé d’Ethan Hawke (que le réalisateur connaît bien puisqu’il a déjà joué dans Bienvenue à Gattaca et Lord of Ward du même réalisateur) et January Jones (The Last Man on Earth, Mad Men) toujours aussi resplendissante. C’est fou d’ailleurs comment cette actrice peut être excellente même dans des rôles aussi minimaliste et inintéressant que celui-ci. Elle rayonne et apporte un petit truc en plus à un film qui glisse malheureusement très rapidement dans les méandres de son propre sujet pourtant si intéressant au départ.
Note : 3/10. En bref, un film qui veut décrier le combat américain contre le terrorisme sur fond de crise humaine. Le film effleure son sujet et ne creuse jamais son histoire, jusqu’à nous ennuyer profondément. Dommage.