Âgé d’à peine 25 ans, le producteur et chanteur Airick Woodhead, alias Doldrums sort son second album The Air Conditioned Nightmare signé sur le label Sub Pop, deux ans après la sortie de son très acclamé premier opus Lesser Evil.
Armé de son laptop, le jeune prodige canadien avait assuré les premières parties des Crystal Castles en 2013, rien de surprenant puisque Woodhead et Ethan Kath partagent dans leurs compositions le même intérêt pour les beats tranchants et extra-sensoriels. Airick se démarque cependant de son comparse en s’attaquant à l’exploration des genres, sans se cantonner systématiquement à l’électro.
Le génial morceau « Loops » est un parfait exemple de ses divagations, avec une introduction japonisante qui laisse place à des nappes veloutées suivies d’un beat dévastateur. Le calme reprend finalement ses droits sous les airs lancinants d’une ballade, quand soudain des percussions tribales et rituelles soulèvent le morceau en un mix ensorcelant, sous l’emprise d’une formidable énergie ésotérique.
Il se dégage de la musique de Woodhead un dynamisme punk inattendu, sans doute dû à ce contraste immuable : les instrumentaux sont constamment tiraillés à contre-courant entre rock psychédélique Jim Morrisonien et prod’ underground. L’accumulation de samples à la fois étrangement foutraques et hyper structurés fonctionne, sa voix androgyne apportant une touche faussement naïve aux tracks. Loin d’être simpliste, sa musique est nourrie de souvenirs et de voyages à travers les différents styles. Doldrums est un disséqueur de genres.
Pourtant riches et expérimentaux, certains titres de cet album constituent des hits en puissance, bien plus abordables qu’il n’y paraît. Woodhead semble fouler dangereusement les frontières de la techno : ses prod’ empruntent des chemins parfois propres au Krautrock, mais on ne pourrait cependant pas qualifier sa musique de purement industrielle. En effet, on reconnaît les même sonorités glauques et underground explorées par le groupe Salem, néanmoins les morceaux de Doldrums conservent une grande humanité et se révèlent réjouissantes, du début à la fin.
Au Limonadier, The Air Conditioned Nightmare nous a intégralement conquis, et on trépigne d’impatience d’assister au prochain live de Doldrums. Une chose est sûre : s’il parvient à garder la vivacité et l’âme de cet album sur scène, Woodhead promet d’en épater plus d’un et de marquer l’histoire de la dark wave canadienne.
Si vous aussi, vous avez été séduit(e) par ses productions, vous pourrez le retrouver en concert le 19 mai à La Péniche à LILLE, le 29 mai au Pop-Up du Label à PARIS et le 30 mai à l’I-Boat à BORDEAUX.
Attention BONUS :
Doldrums a offert aux premiers acquéreurs de son dernier album un morceau exclusif intitulé « IDONTWANNABEDELETED », disponible depuis une semaine sur la toile. Vous reconnaîtrez peut-être la voix de Samantha Urbani, ex-leader du groupe New-Yorkais Friends, qui a notamment collaboré de nombreuses fois avec Dev Hynes, aka Blood Orange. On vous laisse le découvrir :
Vous pouvez aussi retrouver Doldrums sur sa page Facebook et sur Soundcloud.
Bonne écoute!