Compteurs d’énergie intelligents : vers une meilleure diffusion des données au public

Publié le 05 mai 2015 par Pnordey @latelier

Gazpar, le compteur de gaz connecté s’inscrit dans le débat national à propos de la transition énergétique, avec comme objectif clé, une meilleure consommation de l’énergie.

Soumis à une directive européenne, les principaux distributeurs de gaz sont invités à se poser les questions sur la manière dont le gaz est distribué de nos jours, et de quelle manière leurs différents services peuvent être améliorés. C’est le cas de GrDF, qui entame la digitalisation de son réseau gazier : « Les distributeurs mondiaux de gaz font face à des nouvelles priorités  : participer à la réduction des gaz à effet de serre, intégrer de nouveaux types de gaz plus verts, accompagner une diversification des usages du gaz. Une évolution profonde du paysage énergétique qui passe par un rapprochement du monde traditionnel de l'acheminement du gaz avec celui des nouvelles technologies de l'information et de la communication » détaille Roch Drozdowski, chef de mission Smart Grids au sein du pôle Stratégie de GrDF.

Au cœur de cette stratégie, un compteur baptisé Gazpar, annoncé l’année dernière mais mis en place cette année, qui permettra aux consommateurs d’avoir accès à leurs données quotidiennes de consommation d’énergie. À la clé, une meilleure maîtrise de leur consommation, mais aussi des économies de temps et d’argent. Un tel système permettra un fonctionnement basé sur des données concrètes : ce qui engendrera une facturation basée sur des index réels plutôt que sur des estimations, comme c’est le cas aujourd’hui.

Son déploiement est l’occasion de revenir sur les différentes initiatives mises en place ces deux dernières années qui tendent évidemment vers une digitalisation des appareils de mesure de la consommation mais surtout sur une diffusion plus intelligente des données auprès du grand public.

Informer pour mieux consommer

À la clé du projet Gazpar, deux objectifs : améliorer la satisfaction des consommateurs et engendrer une meilleure gestion de la consommation: « le consommateur a désormais accès aux données réelles de la consommation, et peut davantage agir en connaissance de cause ». La digitalisation de ses clients constitue une problématique majeure pour GrDF. Alors que les services bancaires en ligne sont utilisés par 54% des particuliers français, il doit en être de même pour les services gaziers car comme l’admet Roch Drozdowski : « le consommateur lui-même fait évoluer ses habitudes ». Grâce à une meilleure interaction entre machine et humain, « le client voit ce qu’il consomme et les conséquences de l'adoption de pratiques plus économes, conduisant à une meilleure maîtrise de l'énergie ».

Le compteur intelligent Gazpar, qui sera déployé en France cette année

En outre, nombre de démarches sont entreprises avec l’objectif de remettre le consommateur au centre du procédé. À titre d’exemple, la start-up Ohmconnect propose aux individus d’être rémunérés lorsque ceux-ci s’engagent à réduire leur consommation d’énergie : un procédé qui entraîne inévitablement une démocratisation du marché de l’énergie et incite les usagers à responsabiliser leur consommation. Plutôt que d’avoir un impact sur la production d’énergie, ces initiatives permettent d’avoir un impact sur la consommation grâce à leur action directe sur les compteurs électriques. À l’image de l’initiative de smart grids du professeur allemand Benjamin Schäfer, à l’origine d’un système de smart grid décentralisé qui permet au consommateur d’être alerté des pics ou des baisses de production et d'adapter sa consommation en conséquence.

Ouvrir les données pour engendrer des économies d’énergie

La disponibilité des données pourrait aussi participer à sensibiliser le consommateur, afin que celui-ci prenne conscience de ses dépenses énergétiques. Clarifier celles-ci et les exposer au grand jour est l’objectif de la start-up Ceiva, qui met à disposition les données énergétiques sur le support d’un banal cadre photo digital, avec des valeurs affichées en dollars, et non plus en kilowattheures pour se faire une réelle représentation de ses dépenses. Des initiatives d’ouverture des données qui peuvent engendrer des retombées vertueuses, comme celle initiée par la start-up américaine Gridmates qui permet à n’importe quel individu de donner une partie de son énergie à une personne dans le besoin, que ce soit des parents, des amis, ou directement aux associations concernées.

Le dispositif imaginé par la start-up Ceiva permet de réguler sa consommation en fonction de ce qu'elle coûte à l'usager

Le compteur connecté Gazpar s’inscrit également dans le débat national à propos de la transition énergétique « un débat auquel nous contribuons, notamment en proposant un scénario qui permettrait de diviser les émissions de gaz à effet de serre par quatre d’ici 2050 » explique le chef de mission. Un scénario qui promet 75 % d’émissions de CO2 en moins d’ici 2050 et qui envisage que 73 % de gaz « vert » sera utilisé d’ici la même période. Un projet dont GrDF n’est pas le seul acteur. Une collaboration qui pourrait s’ouvrir à d’autres membres puisque les compteurs généreront des données pouvant potentiellement intéresser des start-up : « nous sommes en train de réfléchir à la manière la plus efficace de communiquer sur le projet auprès de ceux qui pourront développer des services utilisant ces mêmes données... Nous avons vocation à travailler avec le plus grand nombre » affirme Roch Drozdowski.

Il devient donc possible d’espérer la multiplication de telles initiatives en France, car le déploiement du compteur intelligent développé par GrDF s’effectuera en 2015, dans 24 communes pilotes à hauteur de 150 000 compteurs déployés : « Ce pilote permettra de valider la performance de la solution technique de la chaîne de télé-relève, la qualité du matériel et de la publication des données auprès des clients, ainsi que les procédures de déploiement. » précise Roch Drozdowski. À partir de 2017, le projet entrera en phase de déploiement industriel simultanément dans les différentes régions de France, pour une durée de 6 ans pour les 11 millions compteurs.