Cléa Vincent, la Pop française très DIY

Publié le 05 mai 2015 par Unionstreet
C'est au vieux Léon à Châtelet qu'on a rencontré Cléa Vincent. Un bar qu'elle connaît bien puisqu'elle y a déjà joué à plusieurs reprises et qu'elle y a même rencontré son batteur actuel (membre du groupe Tahiti 80). À l'époque, elle reprenait des chansons de Joyce Gina Giani avec son groupe " Les chansons de ma tante " en version plutôt punk. Voilà qui pose bien le décors, et qui donne envie de se plonger dans l'univers aux multiples facettes d'une jeune fille rêveuse mais qui garde les pieds sur terre le regard tourné vers demain. Union Street : Salut Cléa, ça va? Alors Bourges c'était comment?

Cléa Vincent : À la base on était pas programmé dans le festival officiel, mais j'avais très envie de jouer à Bourges. Du coup, on y est allé un peu comme des gitans, on a loué une sono et on a été jouer dans la rue. Le collectif Noir Gaazol nous a accueilli sur leur scène et nous a aidé à tout mettre en place. On a joué 2 fois sur la place Séraucourt, entre les concerts gratuits. Y'avait une bonne ambiance et pas mal de monde. Alors qu'on y était allé plutôt à l'arrache derrière on a eu un article dans les Inrocks, comme quoi des fois ça vaut l'coup de se bouger, et de faire des choses comme ça. Aujourd'hui en tant qu'artiste on doit sans cesse se réinventer. C'est une expérience que j'aimerais renouveler par la suite.

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US : J'ai cru comprendre que tu avais joué dans pas mal de petits bars, alors toi qui connaît aussi bien l'ambiance PMU que celle des petits clubs et des festivals, quelle est celle que tu préfères?

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US : Et au niveau musical tu prends des risques aussi?

CV : J'aime bien être proche des gens. Sur les grosses scènes il y'a des sensations de son intéressantes mais t'es moins proche des gens et ça me plaît un peu moins. J'aime bien les lieux à risque, tant qu'il y a un bon système son en place qui nous permet d'être à l'aise on peut tout oser, à chaque fois qu'on s'est mis un peu en danger c'est là ou il y avait le plus de répondant en face.

CV : J'aime expérimenter de nouvelles formules, en ce moment je teste une formation avec une basse, une boîte à rythme et un clavier. Mon mot d'ordre c'est le live, ça ne m'intéresse pas de jouer derrière des séquences, beaucoup de gens le font aujourd'hui, je trouve que cela manque d'énergie et surtout, ça ne laisse pas de place au feeling et à l'improvisation.

J'aime le côté instinctif du live, et ça me plaît parfois de faire les choses un peu à l'ancienne. J'ai la chance de bosser avec un label qui me ressemble " Midnight Spécial Records " et on est entrain d'enregistrer mon album en mode DIY dans un salon.

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US : Dans tes chansons il y a une certaine fragilité, une certaine naïveté, tu es encore cette petite fille là où tu en parles au passé?

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US : Le fait de grandir comment tu le vis justement?

CV : Dans les EP Oui mais non 1 & 2 c'est un peu moi avant, là je suis entrain de faire un album qui sera un tout petit peu moins naïf plus mature. L'album décrira un peu cette phase de transition, entre l'adolescence et le passage à l'âge adulte. Et d'une certaine façon on a tous une certaine naïveté, ou une sensibilité, je le suis peut être un peu plus que d'autres, être artiste c'est savoir retranscrire l'émotion.

CV : Plus on grandit et plus on va vers là où on se sent le mieux, aujourd'hui j'ai l'impression de me sentir beaucoup moins parasité, j'ai enfin tout pour me concentrer sur ma musique. Quand on est jeune on a un vrai manque de confiance en soit, je suis entrain d'apprendre à accepter ce que je fais. Ma musique parle de ce que je ressens, comme tout le monde il m'est arrivé d'être triste, en colère ou d'avoir la haine, le fait de transformer ces sentiments en musique, d'en faire quelque chose de positif, d'une certaine manière cela m'a permis de grandir.

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US : Tu écris et interprètes tes chanson mais pour la musique, comment procèdes-tu? Tu diriges les musiciens où tu es plutôt du genre à les laisser être force de proposition?

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US : Souvent quand on te parle de tes influences en interview tu cites Kylie Minogue je suppose que c'est pour le côté dancefloor et musique électroniques des années 90, 2000 mais tu cites aussi souvent des artistes de la chanson française comme France Gall et Véronique Sanson, c'est parce que tu te sens proche de ce qu'elles racontent?

CV : Au départ j'étais en solo, piano/voix mais je me suis vite rendue compte que cela avait ses limites. Aujourd'hui je suis bien accompagnée, et c'est un vrai plaisir de travailler avec mes musiciens, on construit ensemble. Mon batteur Raph a de l'expérience il fait partie du groupe Tahiti 80, on fait tous les arrangements ensemble, ça fonctionne beaucoup mieux comme ça. Les deux autres musiciens c'est des potes, la famille, ils me connaissent bien et je les laisse assez libre.

CV : Tout d'abord elles sont très différentes. J'aime bien le côté dramatique de Veronique Sanson, son romantisme exacerbé et comment elle s'accompagne au piano, c'est une superbe musicienne. France Gall c'est tout l'inverse elle incarne le côté très naïf, très léger, c'est une nana qui n'a pas l'air très compliquée, contrairement à Véronique Sanson elle avait plutôt l'habitude que l'on compose pour elle, mais elle savait très bien flairer les hits.

US : Tu as eu la chance en tant que jeune artiste en développement d'être signée par le label indé Midnight spécial records, qu'est-ce que cela t'as-t-il apporté?

Au final je dirais que je me sens proche de ces deux opposés, ça représente bien la nature humaine, on a tous un côté ange et démon, Véronique Sanson ce serait mon côté démon et France Gall l'ange. Je pense que toutes les femmes ont ce diptyque de caractère.

US : C'est elle qui a réalisé le clip de Château Perdu?

CV : Midnight Spécial Records a été créé par Victor Peynichou associé à Marius Duflot qui est ingé-son, ça c'est fait avec peu de moyens de façon très DIY. Le label n'a pas de genre particulier, Victor marche au coup de coeur, au feeling et c'est ce qui m'a plût. Il n'y a pas non plus que des artistes français l'idée c'était de créer un pont entre la France et les autres cultures, de mélanger le côté DIY français avec par exemple le DIY américain. Michelle Blades est une jeune artiste qui vient de Miami, c'est elle qui insuffle cette identité américaine au label. J'adore son travail, il a un caractère très visuel, c'est elle qui fait tous mes clips.

CV : Oui, c'est drôle d'ailleurs, j'étais pas du tout préparé à danser. Michelle m'avait dit, " le concept du clip, c'est un rêve où on te voit mais on te voit pas " ce qui veut tout dire et rien dire. En arrivant le jour du tournage, elle m'a dit tu te mets là et tu danses, c'était pas du tout calculé. C'était très spontané, d'ailleurs j'étais assez mal à l'aise. J'avais vraiment peur avant qu'on diffuse le clip, de ce que les gens allaient en penser. Michelle m'a rassurée en m'expliquant que bien sûre je ne dansais pas comme Rihanna ou Madonna mais que les gens allaient comprendre que je proposais autre chose. Je trouve que ces derniers temps les artistes français prennent un peu plus de risques.

Avant le fait de danser dans un clip en France c'était plutôt assimilé aux artistes Rnb ça avait un côté un peu craignos. Aujourd'hui c'est différent je pense qu'on a compris que la spontanéité que l'on peut retrouver dans la danse amateur par exemple pouvait avoir beaucoup de charme. On en revient à la prise de risque, car je pense que le spontané vient avec la prise de risque.

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US : Quel souvenir gardes-tu de ton expérience avec Polydore (Universal)?

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CV : Avant tout, je n'étais pas prête on m'a signé trop tôt. Je pense qu'aujourd'hui les grosses maisons de disques n'ont pas su évoluer elles fonctionnent un peu à l'ancienne. Elles ne savent pas s'occuper des artistes en développement, il faut se faire une raison, si l'on veut que cela fonctionne, il vaut mieux arriver chez une grosse maison de disque avec une grosse fanbase. Mais surtout c'est une question de feeling, on ne s'est pas trouvé, où on ne s'est pas compris c'est aussi simple que ça. Même si cela n'a pas fonctionné, c'était une expérience enrichissante qui m'a permis de réaliser un disque que j'ai vraiment apprécié sur le moment. J'ai eu la chance de travailler avec des gens que j'admirais beaucoup. Je ne regrette rien, c'était simplement trop tôt pour moi, et trop tôt pour le public, à cette époque il y'avait peu de gens qui chantaient en français, il n'y avait pas encore cette mode que l'on connaît aujourd'hui.

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US : Après avoir sorti 2 EP (Non mais oui 1 et 2), quels sont tes futurs projets, sur quoi travailles-tu en ce moment?

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US : Et niveau tournée, des prévisions?

CV : Je travaille sur mon premier album, il sortira en janvier prochain avec quelques single et clips entre-temps, à partir de septembre surement. On prend le temps de le faire bien, on évolue, on progresse, les musiciens mais aussi le label, tout le monde y met du sien et on avance main dans la main.

US : Au final c'est quoi ton let motive et ton idéal de vie?

CV : Eh oui! On part aux États Unis fin août début septembre avec Michelle Blades pour proposer un double plateau toujours très DIY. J'ai hâte, ça va être génial!

Propos recueillis par Melle C. Bomb.

CV : Je pense qu'aujourd'hui, on retrouve le côté made in France, on revient aux petites structures, avec la crise on est obligé de changer pleins de choses dans notre façon de fonctionner. D'une certaine manière c'est bien, plus t'es dans la merde et plus ça t'obliges à faire les choses pour trouver des solutions. Il faut sans cesse se remettre en question, se réinventer, c'est très important si l'on veut aller de l'avant. On ne peut pas se permettre de rester là et attendre que cela marche. J'ai besoin de ça, le risque, le fait de tenter de nouvelles choses. Mais je n'ai pas envie d'aller trop vite, ni de me perdre dans des projets trop grands, mon idéal ce serait bien sûre de vivre de ma passion tout en préservant l'aspect humain.

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